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Déontologie – représentativité d’une étude – rose des vents

Une étude d’Atmo-Sud sur les concentrations de COV commence son rapport avec l’examen des roses des vents durant les 15 prélèvements hebdomadaires avec la rose des vents annuelle.

 

Logique, mais malheureusement, cette bonne pratique est loin d’être de mise dans les différentes rapports produits dans le cadre des études environnementales dans notre département

Le visiteur  pourra comparer avec l’Interprétation de l’état des milieux réalisée par ARCADIS pour le plan de Surveillance de TOTAL : durée : une seule semaine et vent non représentatif dans l’article de mai 2020 avec la phrase
« la direction des vents relevée durant la période de prélèvement est donc partiellement représentative des conditions météorologiques rencontrées .., les vents étant plus fréquemment orientés vers les zones d’habitation »

 

ou le dernier rapport sur YARA où la station de mesures utilisée n’a été sous les vents de YARA que 6% du temps sur les 3 mois de mesures !

 

Concernant la durée des prélèvements, on peut noter ici 15 semaines de prélèvements, alors que les mesures financées par TOTAL à Donges sont limitées à 11 semaines.

Il est en effet important que la durée des mesures soit longue car pour le benzène, la référence (objectif de qualité  ou valeur limite ) est une moyenne annuelle !

La surmortalité concerne aussi les cancers de la peau

La députée Audrey DUFEU a alerté le Ministre de la Santé sur les cancers de la peau et sur la « filière » dermatologique de Saint-Nazaire.  

Dans l’article _echo_presquile_23_07_2021-cancers de la peau,

elle indique que le département de Loire-Atlantique est le plus touché par les mélanomes avec une surmortalité de 22% / France métropolitaine.

Le rapport de 2019 « Cartographie du risque cancer  sur la zone de la CARENE » indique – page 47- que la CARENE est dans la moyenne du département tant pour l’incidence que la mortalité.

Au sein de la CARENE, les communes de Trignac (1.30), Saint-André des Eaux,  Pornichet pour les hommes, et Pornichet (1.16) et Saint-Nazaire pour les femmes présentent une surincidence pour les mélanomes malins : 


En regardant, la deuxième étude RapportCarene_ORS_Sept2019  , on peut remarquer (p 42) une autre forme de cancers de la peau , les carcinomes cutanés, tumeurs non mélaniques  qui entrainent des hospitalisations en court-séjour tant pour les hommes que pour les femmes.

En cherchant les causes reconnues, on arrive à la page  https://www.sante.fr/cancer-de-la-peau-non-melanome-ou-carcinome-cutane-et-facteurs-environnementaux :

Selon l’INRS, les principaux agents en cause des CEC et de des CBC sont l’arsenic et ses composés minéraux, le goudron et ses dérivés, les suies, les dérivés de combustion du charbon, les huiles minérales dérivées du pétrole et les rayonnements UV.

Nos députées Audrey DUFEU et Sandrine JOSSO, très impliquées sur notre sujet, prônent la prévention. Un grand merci à elles. C’est très bien. Il faut effectivement détecter et soigner au plus tôt et cela peut passer comme le demande aussi le Docteur BERGEROT par faciliter les consultations pour les populations les moins aisées.

Traitons aussi le problème à la source en réduisant les pollutions.

L’agglomération de Saint-Nazaire  ne tire pas sa célébrité par les rayons UV mais plutôt par les chantiers navals avec ses métaux, la centrale de Cordemais avec son charbon et cendres stockés à Montoir et la raffinerie de Donges avec ses pétroles et goudrons.

L’arsenic est présent dans ces trois secteurs industriels et de facto dans les eaux souterraines, les sols et l’air.

Sur les 11 dernières années, la densité d’émissions d’Arsenic de la CARENE est en moyenne  7 fois celle de la région Pays de la Loire  cf.   https://pollution.ott.fr/2021/07/03/analyse-comparative-des-densites-demissions-carene-et-region/

Bis repetita ..
il est impératif de lancer au plus tôt, une large campagne de mesures des concentrations de tous ces métaux dangereux ( Arsenic, Cadmium, Chrome, Nickel, Etain, Vanadium, Beryllium, Cobalt, Manganèse .. etc ..) dans l’air, les sols, les eaux de la CARENE.

L’étude de Santé publique France  ESTEBAN  cf https://pollution.ott.fr/2021/07/03/les-metaux-et-les-francais/  récemment publiée a montré une exposition significative des français. Qu’est-ce que cela doit être pour les « nazairiens » ?

 

REACH – Chrome VI – les industriels sont-ils prêts ?

Une Autorisation REACH a été donnée  en avril 2020 pour certains usages du chromate de strontium dans l’industrie aéronautique et pour quelques années,

et en décembre pour d’autres composés comme le trioxyde de chrome (Consortium CTAC).

Les industriels sont-ils prêts ?

Se sont ils déclarés ?
cf https://pollution.ott.fr/2021/07/04/reach-chrome-vi-les-industriels-sont-ils-prets/#comments

Ont-ils fait tout ce qu’ils avaient à faire ?

Pour le savoir , il suffit de lire attentivement les Questions/Réponses préparées par le consortium (Pages CCST-Consortium-Questions-and-Answers-FR-April-2020 en français) qui a œuvré pour que l’interdiction ne s’applique pas tout de suite !.

2021 : une révision « Brexit »  a été faite en 2021 uniquement sur les pages en anglais

Le fournisseur de Rabas-Protec  est MAPAERO qui a un numéro d’autorisation : REACH/20/7/5 pour la formulation de mélanges et REACH/20/7/15 pour

Application d’apprêts et de revêtements spéciaux dans la construction de pièces aérospatiales et
aéronautiques, y compris les avions / hélicoptères, les engins spatiaux, les satellites, les lanceurs, les
moteurs, et pour l’entretien de ces constructions pour le secteur aérospatial

Quel est l’impact des décisions d’autorisation pour « les Utilisateurs en Aval » (les « UA ») ?

Les UA de la chaîne d’approvisionnement des demandeurs peuvent poursuivre leurs utilisations jusqu’à la fin des périodes d’examen respectives (voir ci-dessus) s’ils sont en mesure prouver aux autorités compétentes des États membres de l’UE qu’ils appartiennent à la même chaîne d’approvisionnement que les titulaires d’autorisation ( les « DA ») , que leurs  utilisations correspondent aux descriptions d’utilisation des Décisions d’Autorisation ( les « DA ») , qu’ils sont conformes aux conditions opérationnelles et aux mesures de gestion des risques définies dans les Demandes d’Autorisation (les DdA)  (voir le rapport sur la sécurité chimique) et les DA, et que les
conditions des DA sont respectées.

Quelles sont les mesures que doivent prendre les UA

Pour le 16 juillet 2020 Pour le 23 juillet 2020 Pour le 16 octobre 2020pour le 16 octobre 2020et

pour le 16 avril 2021

Par ailleurs , quelques précisions avant les inspections :

le 13 octobre 2020 , la DREAL a écrit

La DREAL 44 a écrit :

Nous sommes en train de vérifier que les établissements du secteur de la CARENE sont bien couverts par ces autorisations délivrées par l’ECHA (avec date de substitution au 22/01/2026).

Si c’est le cas, nous programmerons des inspections spécifiques pour nous assurer que les conditions d’utilisation dans l’attente de ces substitutions sont bien respectées par les industriels concernés (sans attendre l’échéance de substitution imposée à ce stade en 2026). Les 1ères inspections sur ce thème pourraient être programmées dès 2021 sachant que d’autres inspections concernant ces établissements du secteur de l’aéronautique notamment pourront bien entendu être organisées d’ici là sur d’autres thématiques.


La DREAL se doit de publier prochainement

  • la liste des entreprises de la CARENE qui sont couvertes par les Autorisations temporaires et  qui ont effectué les démarches ad hoc (cf ci-dessus),
    en vérifiant auprès des donneurs d’ordre AIRBUS, STELIA
  • la liste de celles qui ne le sont pas, notamment celles qui ne sont pas dans l’aéronautique
  • le bilan des premières inspections avec , en cas de non conformités aux Autorisations , les demandes de cessation d’utilisation
  • le bilan des mesures de concentrations dans l’environnement (air et eaux hors usines) qui ont du être faites pour le 16 avril 2021

 

Déontologie dans les études environnementales – STELIA

En 2017, STELIA Aérospace a fourni, via son prestataire  AECOM, une « Evaluation de l’impact sanitaire » qui comporte quelques curiosités au regard de la déontologie que la population est en droit d’espérer être respectée au regard des enjeux.

la page 18 indique bien:

« Les composés identifiés pour les émissions atmosphériques sont :

    •  les produits de combustion constitués essentiellement de NOX ;
    •  les poussières ;• le chrome (total et hexavalent) ;
    •  les COV,
    •  les composés acides, alcalins ainsi que l’acide fluorhydrique. »

 

Première curiosité

Les flux annuels de COV sont estimés,  page 20, à 284 537 kg, soit 284 tonnes !

A la page 31, le rapport STELIA – AECOM indique les polluants visibles dans l’atlas 2014 d’Air pays de la Loire. Le benzène qui est COV cancérogène est bien présent.

Que constate- t-on ?

Que seuls les NO2 et particules ont été retenus ?
et que seules les cartes afférentes sont présentées , avec des couleurs qui ne reflètent pas une situation « très pure » pour les particules PM10 et PM2.5.

Pourquoi avoir négligé de présenter la carte correspondant au Benzène, C6H6 , dangereux représentant des COV émis en très grande quantité ?

Parce que cela ferait une grosse tache 

et que l’on ne pourrait pas écrire , avec des concentrations estimées entre 2 et 3,5 µg/m3 qui dépassent la valeur-guide du benzène la conclusion :

Est-ce parce que le benzène n’est pas présent dans les COV émis ? Si c’est le cas, pourquoi ne pas l’avoir explicité ,  alors que la carte d’Air Pays de la Loire laisse bien penser que STELIA est émetteur (sans doute avec SIDES).

Deuxième curiosité

Comme souvent dans ces rapports, de nombreuses pages sont dédiées à la modélisation, à l’outil employé, reprenant souvent les mêmes éléments de langage , sans que ne soit jamais prouvé l’efficacité de ces modélisations. Le paragraphe « Bilan des incertitudes » ne donne aucun chiffre et souligne que les principales incertitudes sont liées à l’estimation des émissions atmosphériques !
Diable . c’est l’élément principal.

D’où l’intérêt de regarder les mesures de concentrations faites sur le terrain.

Le rapport présente une rose des vents issue de l’aérodrome de Montoir-de-Bretagne qui permet de bien voir les vents dominants :
« Beaucoup » dans le quart Sud-Ouest, puis le quart Nord-Est et enfin le quart Nord Ouest.

Première surprise   :

Les points de mesures relatifs au scénario d’exposition « résidentiel » ont été choisis au Nord-Ouest et au Nord du site.
Au vu de la rose des vents ci-dessus, on s’attendait à les voir plutôt au  Nord-Est de Stelia (vents dominants de Sud-Ouest) et au Sud-Ouest (vents de Nord-Est) en sus des habitations les plus proches.

Deuxième surprise  :
Les prélèvements ont été réalisés le 8 et 9 novembre 2016
soit  2 jours seulement alors que l’on traite d’un polluant cancérogène .

Troisième  surprise  :

le rapport affiche clairement que les points de prélèvements n’étaient pas sous influence :

Est-ce déontologiquement correct d’écrire ces phrases  au regard des conditions de prélèvements et la dangerosité du Chrome VI ?

Pourquoi ne pas avoir recommencé les prélèvements !? plutôt que les envoyer au labo
et de produire un rapport non représentatif.


Suis-je le seul à m’interroger sur de telles pratiques ?
L’état réalise-t-il  des inspections, des audits ?

Analyse comparative des densités d’émissions CARENE et région

La base des émissions – BASEMIS V6 produite par Air Pays de la Loire- est disponible et apporte des estimations des émissions des polluants atmosphériques pour la région et par agglomération.
 
Les pages https://data.airpl.org/dataset/inventaires/region/2018 donnent accès aux données de 2008 à 2018.
Les données des années sont toutes recalculées à chaque nouvelle version – et ça bouge parfois beaucoup – ,  ce qui permet de penser que le mot « inventaire » n’est pas le plus approprié.

Dans « BASEMIS V6 », on trouve les estimations d’émissions pour

    • les particules PM10 et PM2.5,
    • les Composés Organiques Volatils Non Méthaniques (COVNM), le Benzène (C6H6)
    • les oxydes d’Azote (NOx), le monoxyde de Carbone (CO), l’Ammoniac (NH3),
    • Les Arsenic(As), Cadmium(Cd), Nickel(Ni) et Plomb(Pb),
    • Le dioxyde de Soufre(SO2) et le Benz(a)pyrène (BaP)

Wikipédia nous donne la population de la CARENE 124 487 hab. (2017) et la superficie  320,27 km2 ainsi que la densité de population 389 hab./km2

Aussi, ai-je décidé de comparer les densités d’émissions de polluant de la CARENE
avec celles de la Région dans son ensemble, et ce, sur les onze années de 2008 à 2018.

A la question de savoir si un habitant de la CARENE, est exposé à 7 fois plus de Benzène qu’un habitant de la Région, l’expert dira sans doute que cela dépend des conditions de dispersion , lieux, vents , etc ….

Chacun peut se faire son idée en imaginant, toutes choses égales par ailleurs,

dans un salon de 15 m2 les odeurs d’une seule poubelle placée au milieu, … puis de 7 poubelles !.

Les chiffres des émissions et des densités :

emissions-et-densites-CARENE
emissions-et-densites-region

Le rapport « densité d’émissions CARENE » divisé par « densité d’émission de la région » par polluant de 2008 à 2018 :

En moyenne sur 11 ans le rapport des densités d’émissions CARENE sur Région donne :

48 fois plus de SO2,
36 fois plus de Nickel,
22 fois plus de Cadmium,
10 fois plus de NOx,
7 fois plus de Benzène et d’Arsenic

De telles différences sur des polluants cancérogènes sont elles la cause des surmortalités constatées ?

 

pour le Top 10 des rapports  des densités d’émissions En moyenne de 2008 à 2018
la moyenne =>
15 fois plus dans la CARENE que dans la Région

Malheureusement tous les polluants dangereux ne sont pas couverts par BASEMIS …
par ex le Chrome VI,  les particules ultra-fines, les fibres minérales, etc …. 

D’où l’importance de faire des mesures des concentrations ,
et pas seulement des estimations et
des modélisations !

A noter que Santé publique France vient de publier des résultats sur son étude ESTEBAN qui justement s’intéresse à l’exposition des Français, aux métaux lourds et cite en particulier  l’Arsenic, le Cadmium et  le Chrome .

cf les-metaux-et-les-francais