Étiquette : AIRBUS

A lire : le monde diplomatique

Quand l’État protège les pollueurs

Au risque de la catastrophe industrielle

Obnubilées par la question de l’emploi, les autorités françaises privilégient les industriels au détriment de l’environnement et de la santé publique. Contrôles insuffisants, sanctions dérisoires, non-application des textes réglementaires, culpabilisation des populations affectées par la pollution : la palette des indulgences est large, comme l’illustre la situation dans l’ouest de la France

https://www.monde-diplomatique.fr/2023/07/FERNANDEZ/65935


pour preuve, examinez les rapports d’inspections publiés sur géorisques 
Index of /inspections

80% détectent des anomalies “susceptibles de suites”  proposées par la DREAL.

Combien d’arrêtés préfectoraux donnent une suite contraignante
qui ne soit pas un simple délai  (3, 6, voire 9 mois) ?

Moins de 5%.

 

 

MONTOIR-de-BRETAGNE – Non-respect de la réglementation détecté lors des inspections mais non sanctionné

Risques d’incendies non maitrisables dans des entrepôts de Montoir de Bretagne

La bonne nouvelle : plus de 50 inspections ont été réalisées en 2022, alors que les années précédentes, leur nombre tournait autour de la dizaine.

Les constats attristants d’une police à 2 vitesses ( particuliers versus entreprises !):

  • environ 80% des inspections ont constaté des non-respects de la réglementation
  • aucune sanction, aucun avertissement, aucune amende !

Exemple du jour : la SCI les Bruyères possédant des immenses entrepôts au 71 ave Henri Gautier à Montoir de Bretagne loués à des entreprises, généralement sous-traitant du secteur aéronautique, dont DAHER qui a récemment demandé l’autorisation REACH d’utiliser des produits contenant du Chrome VI cancérogène .

Une inspection a été faite le 3 avril 2023. Le rapport n’est pas encore publié à la date (10 mai) de publication de la mise en demeure. (Il l’a été le 11 mai, cf infra).

Un arrêté de Mise en Demeure en date du 4 mai vient d’être publié sur le site de la préfecture.

1er non-respect  : On y apprend que l’entrepôt de plus de 50000m2 contient plus de 500tonnes de matières combustibles, sans que l’enregistrement préalable afférent n’ait été fait !
Réglementation mise à jour suite à l’incendie de 2019 Lubrizol – Normandie Logistique de Rouen.

2eme non-respect  : On y apprend que le bâtiment n’est pas aux normes  requises / Incendie et ne peut probablement pas l’être aisément. 

Dans de telles circonstances, un particulier aurait a minima été amendé, fiché, .. !

l’Arrêté donne 9 mois à la société pour qu’elle “justifie que la quantité de matières combustibles est inférieure à 500 tonnes”
et , ce qui plus que curieux, n’impose rien  concernant le risque d’incendie  !!

Super cool !?

On peut noter que durant l’été 2022, le Sous-Préfet Suppléant avait eu une réaction rapide, efficace, à la hauteur des risques, dans une situation très similaire avec un arrêté le 11 août 2022 concernant la société WELD’X dans la zone de Brais, à une centaine de mètres d’EMMAUS. Elle n’avait que 23 jours pour sortir les produits dangereux de ses locaux  non protégés contre l’incendie  !

11 mai 2023 – publication du rapport d’inspection

Rapport d’inspection  du 3 avril 2023.

En deux phrases, les grandes sociétés locataires, se prétendant des champions de la logistique parfaite “juste à temps” , “digitalisée” , … ne sont clairement pas les championnes de l’application des règles administratives et de la sécurité incendie alors qu’il y a plus de 500 tonnes de produits combustibles.

En cas d’incendie, la population de la CARENE apprécierait peu les fumées toxiques !

Suite à LUBRIZOL, les entrepôts sont censés pouvoir communiquer immédiatement aux pompiers l’état des stocks .
Il est rappelé que les exploitants étaient prévenus de cette nécessité.
La formulation utilisée dans le rapport  “invités à pouvoir disposer”  apparait clairement comme un rappel à l’ordre. 

Concernant le moyens de lutte contre les incendies, le site semble faire confiance aux rares pluies bretonnes ! Merci à la DREAL de leur rappeler le minimum :

d’autant qu’il y a bien des produits dangereux – qui n’ont pas été cités dans le rapport d’inspection (pour des raisons commerciales peut-être comme le laisse penser le rapport) !!

A la lecture de ce rapport, on peut se demander pourquoi AIRBUS, qui est très probablement le client/donneur d’ordre des locataires de ces entrepôts,  laisse de telles pratiques perdurer mettant en danger la population en cas d’incendie !?

En cas d’accident, outre l’effet négatif sur son image qui en résulterait,
sa production serait perturbée par l’impact logistique mais aussi ses effectifs,
car lors d’un tel sinistre,   la zone de Montoir de Bretagne /TRIGNAC “Auchan” & Saint-Nazaire serait sous des effluves toxiques !!

cf la carte des émetteurs

 

03 avril 2024

l’inspection du 14 février 2024 est publiée .. quelques semaines après la levée de la mise en demeure.
Peut-on penser que les risques d’incendie ont été réduits ?

Que nenni !  le rapport mentionne que l’on est passé de 600 tonnes de produits inflammables à un maximum de 493  tonnes, soit une baisse d’environ 18% !!!

D’autant plus triste que les systèmes de détection, et d’extinction d’incendie sont restés les mêmes, c-a-d obsolètes .

Point d’humour noir, on apprend que des engrais y sont stockés .. sans que soit précisé leur dangerosité !

Au vu de certains arrêtés, on peut craindre que les “arrangements” entre l’État et les industriels perdurent au détriment de la santé des habitants au quotidien avec la pollution et en cas d’accident (incendie, explosion, fuite) .    Les récents problèmes constatés chez TOTALenergies, YARA entachés de communications rapides, pseudo-rassurantes  en sont les premières preuves. 

 

Chrome Hexavalent dans la CARENE

INERIS a publié début 2020 une très intéressante étude de 80 pages

EXPOSITIONS AU CHROME HEXAVALENT
Synthèse des données disponibles :
sources, émissions, exposition et toxicité pour l’homme.

Document stabiloté par mes soins associé à un doc sur les Valeurs Toxicologiques de Référence (VTR)

La page 43 , sur base des quelques études et mesures disponibles,  conclut clairement à la possibilité de niveau de risques préoccupants: Sur la base des déclarations que doivent faire les industriels au regard de la réglementation européenne REACH ( cf article), une première carte des émetteurs dans la CARENE et alentours a pu être dressée.

Au regard des vents dominants, on peut constater que les communes de Trignac et Montoir-de-Bretagne sont très concernées ainsi qu’une grande partie de Saint-Nazaire.

Par vents de Nord-Est (30%), il n’est pas exclus que Pornichet et La Baule soient impactées par les sites implantés dans la zone de Brais-Pebras.
Par vents de Sud-Est, moins fréquents (6%), Saint-André des Eaux également.

A noter aussi que la commune voisine de Malville est très concernée par deux entreprises sous-traitantes d’Airbus.

Point pas très rassurant : il semblerait que deux sous-traitants d’AIRBUS n’ont pas déposé de dossier auprès de la DREAL au titre des ICPE !

A noter, d’autres entreprises n’utilisant pas des peintures chromatées soumises à la réglementation européenne émettent des particules de Chrome VI.

  • La raffinerie TOTAL en émet chaque année une vingtaine de Kg, soit en moyenne 2.4 g/h n ce qui est supérieure au flux des émissions connues d’AIRBUS
  • Les travaux sur les métaux des Chantiers sont également émetteurs en grande quantité, mais les mesures manquent.
  • L’entreprise de Ciments EQIOM, serait très fortement émettrice. Des mesures dans ses rejets ont détecté des flux de 2g/h ! Il serait intéressant de regarder aussi les émissions de LAFARGE à Trignac et de toutes les centrales à béton du bassin nazairien.
  • L’entreprise GDE, broyeuse de métaux est émettrice de Chrome Total avec par exemple un flux de 0,93g/h en 07/2019 dont on pourrait considérer qu’un pourcentage ( 10% à 30%) serait du Cr(vi)

Au vu de ces chiffres, il devient important (et urgent) de mesurer très régulièrement et en plusieurs points de la CARENE, les concentrations dans l’air que nous respirons de ce très dangereux chrome VI.
Les particules fines et ultrafines doivent l’être aussi et doivent être analysées pour connaître les concentrations en métaux lourds ( Arsenic, Cadmium, Nickel, ..) qui sont émis en grande quantité par nos industries ( navale, aéronautique, éolien ..) en particulier lors des travaux de traitement de surface et de soudure.

BIT – L’industrie aérospatiale : la fabrication et l’entretien

le BIT Bureau International du Travail

Page d'accueil du BIT

Chapitre 90 – L’industrie aérospatiale: la fabrication et l’entretien

http://www.ilocis.org/fr/documents/ilo090.htm

COV, Métaux , mais aussi résines :




Risques chimiques

=> quelles analyses

cf liste des polluants émergents de l’ANSES

COV  , COHV

  • trichloroéthylène, perchloroéthylène
  • toluène, xylène, méthyléthylcétone
  • trichloroéthane
  • Chlorure de méthylène
  • composés phénoliques
  • diméthylaniline
  • Styrène

Phénols

Métaux  ( y compris dans les PUF )

  • Cadmium, chrome, plomb , Nickel, Cobalt,  Vanadium, Antimoine, Cuivre  ..

Poussières toxiques

  • sablage
  • ..

Destructeurs couche d’ozone

  • chlorofluorocarbures (CFC)

 

Chromate de Strontium , la décision REACH prise en avril 2020 mais absente du dossier RABAS-PROTEC

Le chromate de strontium est un produit reconnu comme cancérigène.

Il est interdit d’utilisation sauf autorisation spéciale de la Commission Européenne.
Un dossier dans ce sens a été déposé par le consortium/lobby des fournisseurs de peintures avioniques piloté pour l’occasion par AKZO Nobel,
comme cela est indiqué dans l’annexe 13 du dossier.
Ce document précise les conditions dans lesquelles le chromate de strontium pourrait être utilisé AVANT le rendu de la décision de REACH.

Or, à la lecture de document https://www.echa.europa.eu/fr/web/guest/applications-for-authorisation-previous-consultations/-/substance-rev/12447/term

Il semble que la décision a été prise par REACH le 16 avril 2020.
C_2020_2076_Strontium chromate_Akzo_EN-2

  • Si c’est le cas, on peut s’étonner que la société requérante n’ait pas complété / enrichi le dossier déposé.
  • Son fournisseur, MAPAREO, s’était engagé à le prévenir en cas de décision. L’a-t-il fait ?
  • Il convient certainement, à minima, de compléter le dossier avec une traduction en français de la décision REACH parait indispensable

Il apparait que cette décision  précise et limite les usages possibles par rapport avec ce qui avait été demandé par le consortium.

  • Il est légitime de savoir comment le demandeur s’assure que ses donneurs d’ordre lui confient des travaux respectant les restrictions d’utilisation ? et comment la DREAL le contrôle.

De plus, des mesures de management des risques et des conditions d’exécution opérationnelles semblent  être imposées :

Y compris pour ce qui concerne les émissions de Chrome VI dans l’eau et dans l’air . Le « chemical safety report » est cité .

Le dit document  mentionne des valeurs de concentration dans l’air extérieur, toutes sources d’émissions  dans son chapitre 10.2.

  • Il est légitime de savoir si le demandeur est en mesure d’appliquer ces règles ;  et comment la DREAL le contrôle.
  • Il importe que soit précisé quand, comment, par qui, seront effectuées et publiées les mesures de concentrations de Chrome 6 dans l’air dans les quartiers proches des utilisateurs de Chromes 6 . Est-ce la DREAL ? et qui finance.

 

Par ailleurs,  il apparait que de nombreux fournisseurs de peinture pour avions proposent  des peintures sans chromate ( « chromate free »).

Par exemple UTC Aerospace systems , qui travaille  avec AIRBUS a mis sur le marché en 2018 une telle peinture parfaitement adaptée pour éviter la corrosion de certaines pièces.

https://utcaerospacesystems.com/industry-first-utc-aerospace-systems-reach-compliant-landing-gear-corrosion-protection-coating-ready-for-use/

De même AKZO Nobel, qui a racheté MAPAERO le fournisseur de RABAS PROTEC, fait l’éloge de sa gamme de peinture développée avec AIRBUS

https://www.coatingsworld.com/contents/view_breaking-news/2019-06-12/akzonobel-airbus-develop-new-chromate-free-exterior-primer/

A noter que Rabas-Protec traite des pièces principalement en aluminium .. et que AKZO Nobel dispose d’un produit semble-t-il adapté à l’aluminium :

  • De nouveau, la question se pose de savoir qui et quand contrôle la légitimité d’usage de produit avec chromate de strontium dès lors qu’il existe des alternatives existantes commercialement sans Chrome VI. Et pas seulement chez RABAS-Protec.

 

Le rapport d’Air-Pays de la Loire de 2017 recommandait fortement de recenser tous les utilisateurs de produits avec chrome 6.

La décision REACH justifie encore plus qu’une telle liste soit établie et que les contrôles d’usage de ce produit cancérigène notoire soient renforcés et publiés.

L’état doit contrôler les entreprises qui mettent en péril la santé de la population avec le Chrome 6
et mesurer en continu, les concentrations dans l’air des polluants reconnus cancérigènes dont le Chrome6, ainsi que des Composés Organiques Volatils comme le benzène par ex.