Le rapport de l’inspection réalisée le 11 mars par la DREAL suite à » l’incident électrique » (coup de pelleteuse là où il ne fallait pas) du 8 mars dans la raffinerie de Donges a été enfin publié sur Géorisques , trois mois après.
On y découvre que la 2eme raffinerie de France ne disposait pas de groupes électrogènes pour garantir le fonctionnement de sa « salle de contrôle BPN contenant le cœur du système » en cas d’incident/panne/coupure électrique !
Ce n’est pourtant pas le carburant qui manquerait sur place pour le faire fonctionner !
Lors de la coupure électrique accidentelle, les batteries n’ont tenu qu’environ 3 heures et les trois salles de contrôles sont tombées dans le « noir » vers 15h.
Privé de remontée d’information, des rondes ont été organisées pour surveiller des points particuliers. Des « balises de détection » ont « été mises en place pour pallier l’absence de fonctionnement de certains détecteurs de gaz ».
Peut-on réellement imaginer piloter une raffinerie dans le noir ?
Heureusement qu’elle était à l’arrêt !
Imaginons une seconde qu’elle ne soit pas « en grand arrêt » et qu’un incendie comme celui qui s’est déclaré le 28 mai 2022 se produise alors que les centres de contrôles n’ont plus les alarmes et les remontées d’information des unités techniques et qu’ils n’ont pas non plus la totalité des moyens d’action habituels.
A quelle catastrophe, aurions-nous été confrontés ?!
Heureusement, un groupe électrogène lié à des travaux a pu être réquisitionné pour rétablir dans la soirée l’alimentation électrique d’une salle.
Revenons à la question première.
Pourquoi les salles de contrôles ne disposaient pas de dispositifs de secours électriques à la hauteur des risques?
Imagine-t-on un hôpital sans groupe électrogène pour ses salles d’opération ?
Le bon sens voudrait qu’il en soit de même pour le cœur du système de pilotage d’une raffinerie.
L’article 9.4.2 de l’arrêté préfectoral traite des moyens de secours électriques en cas de perte électrique selon la page 4 du rapport d’inspection. L’industriel doit mettre en œuvre des mesures de maîtrise de risques (MMR) ayant une « cinétique de mise en œuvre en adéquation avec celle des événements à maitriser »…..
Une lecture attentive de l’arrêté ne nous a pas permis de trouver la MMR relative à la continuité de service des salles de contrôles. Peut-être a-t-elle été classée « Informations sensibles – Non communicable au public » comme de nombreuses études de danger (EDD)?
La page 12 du rapport d’inspection n’est pas très claire sur ce sujet.
Pour la crédibilité des études de dangers et de la réelle prise en compte des risques, il importe que l’Industriel et la DREAL précisent ce qui était formellement prévu,
et
si rien n’était prévu face au risque de perte prolongée de l’alimentation des salles de contrôle, des explications devraient être données.
Quoi qu’il en soit des mesures correctives immédiates devraient être imposées.
Trois mois après… Qu’est ce qu’on attend .. ? les coupures de courant probables de cet hiver ?
Maj 02/07/2022 ; Lors du Dialogue Riverain : selon des sources présentes, Total aurait dit
« je préfère acheter une éolienne plutôt qu’un groupe électrogène » !
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MAJ 09/07/2022 : incident à Feyzin (69) lié à une « coupure électrique » ..
cf https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/rhone-un-panache-de-fumee-noire-recrache-par-la-raffinerie-de-feyzin-total-rassure-les-riverains-2578856.html
Redondance d’alimentation ET secours sont des éléments de base de la gestion de la continuité ..
Il sera intéressant de savoir si la situation de Feyzin, est la même qu’à Donges, au regard des groupes électrogènes.