Catégorie : Industriels

Le bêtisier des arrêtés préfectoraux

L »année 2025 a démarré avec un « Considérant »  remarquable.

Justification incroyable de la position des Chantiers de l’Atlantique.

L’arrêté du 20 janvier 2025 accorde un délai de 6 mois pour commencer des mesures qui auraient du être réalisées fin 2024 avec une argumentation pour le moins curieuse, poussée par les Chantiers de l’Atlantique qui depuis le début de l’étude de zone ne sont clairement pas les champions de la transparence et de l’exhaustivité pour ce qui concerne leurs émissions de polluants dangereux :

D’une part, est mis en avant la nécessité de « 6 mois de mesures des eaux souterraines sur les piézomètres existants » !  L’APC de février 2024 avait demandé à ce que ces mesures aient lieu en 2024.  Elles n’auraient pas été faites par les Chantiers en 2024 et la DREAL ne le dirait pas !

D’autre part, ils en arrivent à écrire que ces études hydrogéologiques sont un préalable à la définition du programme de surveillance environnementale incluant des mesures de qualité de l’air extérieur au voisinage de l’établissement !

Vivement que la transparence soit faite sur ces « considérant » qui sont sidérants  !
Cela devient urgent que les mesures de polluants industriels soient faites sérieusement.

 

Décembre 2024 s’est fait remarquer par la présence de curiosités dans des arrêtés préfectoraux du bassin industrialo-portuaire de Saint-Nazaire. D’autant plus surprenant qu’il s’agit d’arrêtés de prescriptions complémentaires visant à « fiabiliser » le fonctionnement des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE).

Les serviteurs de l’État sont-ils fatigués par les réponses que leur donnent YARA ou les Chantiers de l’Atlantique faisant suite à des prescriptions du début de l’année ? A suivre…

Double négation pour Ouest Coating :

Ouest Coating est une entreprise située dans la zone de Brais et qui a été identifiée  comme émettrice de Chrome VI, un des métaux lourds cancérogènes émis dans la CARENE. Elle utilise des techniques de traitements de surface très spécifiques. Son précédent arrêté d’autorisation date de 2011 et selon géoriques , elle n’a pas fait l’objet d’inspections récentes.

L’arrêté préfectoral de prescriptions complémentaires du 9 décembre 2024 comporte sur sa première page une formulation « curieuse » avec une double négation qui permet de penser que la modification demandée par l’entreprise polluante doit faire l’objet d’une nouvelle évaluation environnementale, alors que manifestement il n’y en a pas eu ! Pourtant, au vu de l’accroissement autorisé des quantités de matières métalliques et des émissions d’oxydes d’azote et de monoxyde de carbone, une évaluation environnementale a du sens, au regard de l’ancienneté ( plus de 10 ans) des précédentes études. 

Framatome de Saint-Viaud-Paimboeuf peut s’auto-définir ses limites d’émissions de Chrome !

Le sous-préfet de Saint-Nazaire ne s’est sans doute pas rendu compte du cadeau de Noël qu’il faisait en signant l’arrêté du 24/12/2024 qui théoriquement impose des prescriptions complémentaires à FRAMATOME.

L’exploitant peut donc modifier ses procédés de chromage, même si ceux-ci remettent en cause les conclusions d’une étude réalisée par la référence française en risques industriels – INERIS -, dès lors qu’il formalise « au préalable » ses conclusions relatives aux risques d’émissions de chrome, et bien sûr qu’il transmette ces documents à la DREAL.  Au passage, on note l’absence de mesures des émissions et concentrations de Chrome sur site et hors site.
L’absence de seuils, de réglementation spécifique, permettra certainement une validation quasi-automatique des « auto-conclusions » de Framatome.
Pourquoi un avis d’INERIS sur la modification de procédé n’a-t-il pas été prescrit ? 

Peut-être parce ce que c’était la veille de Noël !

Transparence et Gestion de projet de TOTALEnergies  :  « Peut mieux faire »

L’arrêté préfectoral signé le 27 décembre  2024 par le sous-préfet de Saint-Nazaire proroge au 01/01/2026 le délai de mise en service du  grand projet HDT VGO qui a encore du retard.
La date limite était le 01/01/2025.  Il y avait urgence ..  et imprévision !
L’exploitant a formulé une demande de prorogation le 5 décembre 2024. Une prorogation analogue jusqu’au 01/01/2025 avait déjà été accordée le 21 décembre 2023. Rendez-vous fin 2025 ?

Problème de qualité de filtration chez Airbus Atlantique et Rabas Protec

A l’occasion de la dernière Commission de Suivi de Site (CSS) de Rabas Protec, sous-traitant d’Airbus Atlantique pour des travaux de peinture au chromate de strontium cancérogène, nous avons découvert que les filtres en place n’étaient sans doute pas respectueux de la réglementation.

Le Chrome hexavalent est interdit, sauf dérogation européenne, et avec obligation de respecter des règles bien précises. La DREAL indique dans ses inspections : « L’autorisation REACH prévoit notamment une réduction des émissions dans l’air avec une efficacité d’au moins
99%. »

Or les filtres mis en place par Rabas Protec -qui s’est aligné sur les filtres utilisés par Airbus Atlantique Saint-Nazaire- utilise des filtres PAINTCAB qui sont loin de filtrer à 99% :

La diapositive présentée indique un « rendement gravimétrique moyen » de 99,8% mais cette formulation ne reflète pas l’efficacité attendue. Pour s’en convaincre, il suffit de lire la page « la-classification-des-filtres »  qui précise que ce rendement gravimétrique est utilisé pour les filtres « grossiers(G) » dont l’efficacité moyenne est inférieure à 40 %.

Le tableau sur la diapo indique une efficacité de 4% pour les particules de taille inférieure à 2,5µm et une efficacité de 85% pour les particules de taille inférieure à  5µm.
Pour mémoire, un filtre FFP2 filtre au moins 94 % des aérosols de taille moyenne 0,6 µm (INRS) !

A  noter que, selon la DREAL44, AIRBUS Montoir utilise un type de filtre très haute efficacité (HEPA) de type 13 qui, selon la classification, est censé (quand il est en bon état) filtrer à plus de 99%. 

Nous serons vigilants sur ce qui sera mentionné dans le compte-rendu de la CSS et sur les actions de la DREAL44 pour faire respecter les exigences de filtration qui sont les dernières barrières avant que ce chrome cancérogène ne vienne accroitre la surmortalité prématurée dont souffre la population nazairienne.

Le méthaniseur de Montoir-de-Bretagne va-t-il traiter des boues de stations d’épuration ?

Au vu du « donner acte de modification notable non substantielle » préfectoral du 14/11/2024,
on peut penser que le méthaniseur de Montoir-de-Bretagne va traiter des boues de stations d’épuration.
Penser : car le texte mentionne l’utilisation de déchets codés 19 09 02, de la sous-famille « Boues de clarification de l’eau » et que le site Wikhydro du « développement durable » gouvernemental nous donne des explications tirées du manuel Suez-Degrémont sur cette étape dans le traitement des eaux.

Quel impact ?
Le site https://www.notre-planete.info/actualites/888-epandage-boues-epuration-culture-consequences   nous donne un schéma de la suite

qui se termine par l’épandage.
Où est le problème ?
La même page nous indique que les « micropolluants »  dont les métaux, les PCBs , etc  …  se retrouvent dans les boues et vont donc se retrouver dans les champs voire les plantations et la chaine alimentaire etc.

On peut donc s’étonner que la DREAL, en théorie soucieuse de l’Environnement, n’ait pas prescrit des analyses des boues d’épandage résultantes de ces intrants pour y quantifier la présence de ces polluants et leur probable croissance.

D’autant que les stations d’épurations locales du bassin nazairien acceptent souvent des rejets industriels dans le réseau d’eaux usées, ce qui accroit la probabilité de trouver des quantités significatives de ces polluants cancérogènes .

Y aura-t-il une sanction envers TotalEnergies suite à la fuite d’hydrogène enflammée ?

Y aura-t-il une sanction vis à vis de TotalEnergies suite à la fuite d’hydrogène enflammée du 10 septembre 2024 ?
ou un arrangement en toute discrétion ?

Le rapport de l’inspection du 10 septembre 2024 est très clair. L’information, au moment opportun , n’est pas le point fort du pétrolier en cas d’incident ou d’accident :

Certes TOTAL a informé la DREAL lors de la très dangereuse fuite enflammée, mais s’était bien gardé de le faire pour les fuites précédentes qui ont été partiellement réparées (cf point 3 de l’inspection).

On notera que la DREAL a recours à une « annexe confidentielle« . Cette pratique, qui vise normalement à ne pas aider les « terroristes » , semble être utilisée très fréquemment pour que le public ne voit pas les dangers auxquels il est exposé et, aussi  pour ne pas mettre sur la table les faiblesses des installations ou des procédures en place.

Autre constat de manquement à la transparence dans la communication : le site voisin, ANTARGAZ,  n’a pas été informé du déclenchement du Plan d’Opération Interne (POI) par TOTALEnergies.

Ces attitudes de l’exploitant et de la DREAL sont de très mauvais signes pour l’avenir.
On aurait pu penser que l’accident du P551 de fin 2022 et la calamiteuse gestion de crise allait inciter à de meilleures pratiques. 
D’autant plus critique que le « dihydrogène »  ( formule chimique H2) ,  est  très inflammable et explosif en présence d’oxygène ou d’air.
D’autant que le Grand Port envisage l’installation de plusieurs exploitations  (des start-ups !?) produisant ou manipulant de l’Hydrogène plus ou moins vert mais toujours explosif.
Des mini bombes H ?

Publication de l’ORS – Pollution de l’air – Effets …

L’ORS vient de publier une étude qui les synthétise les connaissances scientifiques sur les liens entre les polluants susceptibles d’être enregistrés aux abords des aéroports et la santé.

L’étude élargit le sujet en examinant les EFFETS DE LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE SUR LA SANTÉ
« L’existence de liens entre pollution atmosphérique et santé est aujourd’hui
scientifiquement établie. La pollution de l’air concerne l’ensemble de la population et est
susceptible d’induire des effets sur la santé même à de faibles niveaux de concentration.
Elle constitue ainsi un enjeu majeur de santé publique. »


avec un petit zoom sur les cancers et les pollutions industrielles :

Un regret : le tableau en Annexe sur l’état des connaissances relatives à la Causalité ne mentionne pas les métaux lourds, les Composés Organiques Volatils, ..    très présents dans notre agglomération .

UNION INVIVO – cinq cartons jaunes – doit mieux respecter la réglementation – Danger

Un article de Ouest-France de 2O19 pour découvrir le site de Montoir-de-Bretagne, export de céréales.  Le magasin au sol a une capacité de 10 000 tonnes et le  silo vertical, qui s’élève à 40 m de haut, entrepose 30 000 tonnes.

Le rapport de l’inspection du 7 août 2024 de la DREAL sur le site de UNION INVIVO de Montoir-de Bretagne vient être publié sur Géorisques.

De nombreuses anomalies dont certaines peuvent avoir un impact sur la santé des employés et  de  la population voisine.

Fiche n°1 : la réglementation concernant les analyses des eaux n’est pas respectée.
Comme le montre l’extrait ci-dessous, un dépassement de la valeur limite en DCO (en clair :  quantité d’oxygène dissous qui doit être présente dans l’eau pour oxyder les matières organiques chimiques, comme le pétrole).

Qui plus est, les analyses prescrites concernant les hydrocarbures n’ont pas été effectuées !

Fiche n°2 : Non respect de l’arrêté 2022 12 14 APC 441 UNION INVIVO.pdf 

Cet arrêté mentionne que le site est autorisé à disposer d’un local avec deux cuves de 1000l pour stocker des insecticides.

En 2022, il a été constaté qu’il y avait 3 cuves de 1000l au lieu de 2, sans qu’il n’y ait de justification, ni de mention d’une éventuelle pérennisation, bien au contraire puisqu’il est mentionné « exceptionnellement » :

La récente inspection de 2024 constate la présence de 3 cuves. Elle mentionne que l’une des cuves est vide. Au delà du contenu, sa pérennité depuis deux ans aurait pu susciter une demande de justification !. L’inspection s’est concentrée sur le fait que les actions demandées en 2022 et relatives à la cuve de fioul n’ont pas été faites.
Cette présence de 3 cuves au lieu de 2 , qui manifestement n’est plus exceptionnelle, est cependant inquiétante quand on connait la nature des produits qui y sont stockés.

Un document présenté lors de l’étude de zone indiquait la présence de PIRIGRAIN 50 et de K-Obiol-ULV6. Or la Deltaméthrine (présent dans le K-Obiol) qui est de la famille des pyréthrinoïdes et le pirimiphos-methyl (Pirigrain) qui est un organophosphoré font parties des familles pour lesquelles l’INSERM indique page 12  de  son étude Pesticides et Santé de 2021 qu’il y a une présomption forte de lien entre l’exposition de la mère pendant la grossesse ou chez l’enfant et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central. 

Une fiche de sécurité du PIRIGRAIN 50 indique H373 avec des impacts possibles sur le foie et  le rein. On rappelle qu’il y a des sur-incidences très élevées de cancer du foie à Montoir et Trignac (mais pas à Saint-Nazaire, ce qui écarte l’alcool comme seule cause de ce cancer).

Au delà du nombre de cuves, il conviendrait de connaitre quelles sont les quantités utilisées par an, pour apprécier les risques d’exposition d’autant que la connaissance et l’application des règles de sécurité ne semblent pas être les points forts de cet établissement (cf. fiche 4).

Fiche 4 : Les constats de cette fiche sont particulièrement inquiétants tant pour les employés que pour la population voisine, avec la méconnaissance des risques spécifiques liés aux silos, à savoir les incendies et explosions de poussières. De plus, l’usage de la mortelle Phosphine mérite une attention très particulière.

Fiche 5 : les respect des règles concernant la consignation d’équipements ne sont pas  systématiquement respectées.

Fiche 9 : les respect des règles concernant la propreté et les déchets ne sont pas  systématiquement respectées.

La fiche n°7 de  l’inspection de 2022 constatait que les concentrations en poussières au rejet canalisé n’avaient pas été contrôlées et exigeait que cela soit fait. 
Aucune mention des contrôles de poussières n’est présente dans ce rapport d’inspection 2024. 
D’autant plus surprenant que ces contrôles doivent être réalisés annuellement et qu’une valeur limite est prescrite 30mg/m3. (cf. arrêté de prescriptions de décembre 2022).