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UNION INVIVO – cinq cartons jaunes – doit mieux respecter la réglementation – Danger

Un article de Ouest-France de 2O19 pour découvrir le site de Montoir-de-Bretagne, export de céréales.  Le magasin au sol a une capacité de 10 000 tonnes et le  silo vertical, qui s’élève à 40 m de haut, entrepose 30 000 tonnes.

Le rapport de l’inspection du 7 août 2024 de la DREAL sur le site de UNION INVIVO de Montoir-de Bretagne vient être publié sur Géorisques.

De nombreuses anomalies dont certaines peuvent avoir un impact sur la santé des employés et  de  la population voisine.

Fiche n°1 : la réglementation concernant les analyses des eaux n’est pas respectée.
Comme le montre l’extrait ci-dessous, un dépassement de la valeur limite en DCO (en clair :  quantité d’oxygène dissous qui doit être présente dans l’eau pour oxyder les matières organiques chimiques, comme le pétrole).

Qui plus est, les analyses prescrites concernant les hydrocarbures n’ont pas été effectuées !

Fiche n°2 : Non respect de l’arrêté 2022 12 14 APC 441 UNION INVIVO.pdf 

Cet arrêté mentionne que le site est autorisé à disposer d’un local avec deux cuves de 1000l pour stocker des insecticides.

En 2022, il a été constaté qu’il y avait 3 cuves de 1000l au lieu de 2, sans qu’il n’y ait de justification, ni de mention d’une éventuelle pérennisation, bien au contraire puisqu’il est mentionné « exceptionnellement » :

La récente inspection de 2024 constate la présence de 3 cuves. Elle mentionne que l’une des cuves est vide. Au delà du contenu, sa pérennité depuis deux ans aurait pu susciter une demande de justification !. L’inspection s’est concentrée sur le fait que les actions demandées en 2022 et relatives à la cuve de fioul n’ont pas été faites.
Cette présence de 3 cuves au lieu de 2 , qui manifestement n’est plus exceptionnelle, est cependant inquiétante quand on connait la nature des produits qui y sont stockés.

Un document présenté lors de l’étude de zone indiquait la présence de PIRIGRAIN 50 et de K-Obiol-ULV6. Or la Deltaméthrine (présent dans le K-Obiol) qui est de la famille des pyréthrinoïdes et le pirimiphos-methyl (Pirigrain) qui est un organophosphoré font parties des familles pour lesquelles l’INSERM indique page 12  de  son étude Pesticides et Santé de 2021 qu’il y a une présomption forte de lien entre l’exposition de la mère pendant la grossesse ou chez l’enfant et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central. 

Une fiche de sécurité du PIRIGRAIN 50 indique H373 avec des impacts possibles sur le foie et  le rein. On rappelle qu’il y a des sur-incidences très élevées de cancer du foie à Montoir et Trignac (mais pas à Saint-Nazaire, ce qui écarte l’alcool comme seule cause de ce cancer).

Au delà du nombre de cuves, il conviendrait de connaitre quelles sont les quantités utilisées par an, pour apprécier les risques d’exposition d’autant que la connaissance et l’application des règles de sécurité ne semblent pas être les points forts de cet établissement (cf. fiche 4).

Fiche 4 : Les constats de cette fiche sont particulièrement inquiétants tant pour les employés que pour la population voisine, avec la méconnaissance des risques spécifiques liés aux silos, à savoir les incendies et explosions de poussières. De plus, l’usage de la mortelle Phosphine mérite une attention très particulière.

Fiche 5 : les respect des règles concernant la consignation d’équipements ne sont pas  systématiquement respectées.

Fiche 9 : les respect des règles concernant la propreté et les déchets ne sont pas  systématiquement respectées.

La fiche n°7 de  l’inspection de 2022 constatait que les concentrations en poussières au rejet canalisé n’avaient pas été contrôlées et exigeait que cela soit fait. 
Aucune mention des contrôles de poussières n’est présente dans ce rapport d’inspection 2024. 
D’autant plus surprenant que ces contrôles doivent être réalisés annuellement et qu’une valeur limite est prescrite 30mg/m3. (cf. arrêté de prescriptions de décembre 2022).

Gestion des risques liés aux installations classées pour la protection de l’environnement dans le domaine industriel

Rapport de la cour des comptes  :

https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2024-01/20240201-S2023-1508-ICPE-industrielles.pdf

RECOMMANDATIONS

n° 1. (DGPR, 2025) : Au terme de vingt années de mise en œuvre, établir un bilan des protections prévues par les plans de prévention des risques technologiques (PPRT) et proroger leur durée d’application ainsi que celle des dispositifs d’aides correspondants.

n° 2. (DGPR, 2024) : Définir et faire connaître les dispositifs d’accompagnement des collectivités qui n’ont pas les moyens d’expertise et les capacités de financement suffisantes pour assurer la protection des bâtiments publics exposés en zone de danger au vu des plans de prévention des risques technologiques (PPRT).

n° 3. (DGPR, 2025) : Prévoir des mesures de protection foncière et de travaux pour les « zones d’effets létaux » liées à des ouvrages d’infrastructures de transport de marchandises dangereuses.

n° 4. (DGPR, 2025) : Au sein de l’inspection des installations classées, répondre aux besoins spécifiques d’expertise, notamment sur les risques pharmaceutiques et biologiques.

n° 5. (SG MTECT, DGPR, DB, 2024) : Poursuivre le renforcement des moyens de l’inspection des installations classées nécessaires à l’accomplissement de ses différentes missions.

 n° 6. (DGPR, 2025) : Identifier dans la base Géorisques les suites données aux mises en demeure et aux sanctions, et en faciliter l’accès aux citoyens.

n° 7. (DGPR, 2025) : Proposer au Parlement la modification de l’article L. 125-2-1 du code de l’environnement afin de généraliser la mise en place, pour les ouvrages d’infrastructures de transport des marchandises dangereuses, de commissions consultatives analogues aux commissions de suivi de site des ICPE

Réponse de la DGPR ( Ministère) :

Gestion des risques liés aux installations classées pour la protection de l’environnement dans le domaine industriel,

Oui j’ai peur que YARA explose

Au vu du rapport que l’inspection DREAL vient de diffuser sur Géorisques, il me semble raisonable, logique, de craindre que YARA n’explose et par effet domino que la région de Saint-Nazaire soit défigurée.

Une fuite d’acide sulfurique à 96%, la n-ième en 2 ans ! tellement banal qu’on ne les compte plus.
Le plus inquiétant est dans les détails  et les réponses proposées par YARA.
Deux points ont attiré mon attention :

1) La fuite concerne une tuyauterie qui a été changée 45 jours avant l’accident suite à un incident au même endroit.
On peut penser que la tuyauterie en place était neuve et donc que son épaisseur était normale.

Et pourtant, face à ce problème, la solution proposée par YARA consiste à regarder si les tuyauteries en place ont la bonne épaisseur avant de redémarrer. Logiquement, ça va péter au même endroit dans 45 jours.

Certes la DREAL a demandé de chercher à comprendre et de « justifier que l’ensemble des tuyauteries d’acide sulfurique résiste »  . Très Bien.
Mais l’absence de prescription contraignante, l’absence d’interdiction de redémarrage des installations tant que l’on n’a pas compris la cause des dégradations et de fuites font que le risque de récidive est toujours là !
Les associations ont bien raison de demander une suspension administrative tant que tout n’est pas sous contrôle  !

2) Le management des opérations lors de cet accident est dramatiquement inquiétant :

Comment peut-on admettre cela sur un Site Seveso Haut ?  que le traitement d’un tel accident ne soit pas piloté par un leader responsable formé selon des procédures muries  !?
Le rapport d’inspection est alarmant sur ce point : il rappelle que le POI prévoit un tel mode opératoire, mais la réalité semble être toute autre, avec un individu isolé, sans doute de bonne volonté, qui va seul lutter contre la fuite d’acide.

Qu’il n’y ait pas de suites préfectorales, et que l’on se limite à recommander qu’une réflexion sur la mise en œuvre du POI soit menée parait bien décalé.

Là encore, le bon sens en gestion de risques, c’est que l’usine soit suspendue tant que la capacité opérationnelle de mise en œuvre du POI n’a pas été prouvée !

 

=> Monsieur le Directeur d’INERIS Institut national de l’environnement industriel et des risques,
      Considérez-vous que le risque de récidive est faible ?

=>  Monsieur le Sous-préfet, Monsieur le DGPR, au vu des ces constats,

N’y-a-t-il pas urgence à appuyer sur le bouton « PAUSE » ?

 

Ne pas avoir de groupe électrogène quand on s’appelle TOTAL Energies

Le rapport de l’inspection réalisée le 11 mars par la DREAL suite à  » l’incident électrique  » (coup de pelleteuse là où il ne fallait pas) du 8 mars dans la raffinerie de Donges a été enfin publié sur Géorisques , trois mois après.

On y découvre que la 2eme raffinerie de France ne disposait pas de groupes électrogènes pour garantir le fonctionnement de sa « salle de contrôle BPN contenant le cœur du système » en cas d’incident/panne/coupure électrique !
Ce n’est pourtant pas le carburant qui manquerait sur place pour le faire fonctionner !
Lors de la coupure électrique accidentelle, les batteries n’ont tenu qu’environ 3 heures et les trois salles de contrôles sont tombées dans le « noir » vers 15h.

Privé de remontée d’information, des rondes ont été organisées pour surveiller des points particuliers. Des « balises de détection » ont « été mises en place pour pallier l’absence de fonctionnement de certains détecteurs de gaz ».

Peut-on réellement imaginer piloter une raffinerie dans le noir ?
Heureusement qu’elle était à l’arrêt !

Imaginons une seconde qu’elle ne soit pas « en grand arrêt »  et qu’un incendie comme celui qui s’est déclaré le 28 mai 2022 se produise alors que les centres de contrôles n’ont plus les alarmes et les  remontées d’information des unités techniques et qu’ils n’ont pas non plus la totalité des moyens d’action habituels.
A quelle catastrophe, aurions-nous été confrontés ?!

Heureusement, un groupe électrogène lié à des travaux a pu être réquisitionné pour rétablir dans la soirée l’alimentation électrique d’une salle.

Revenons à la question première.
Pourquoi les salles de contrôles ne disposaient pas de dispositifs de secours électriques à la hauteur des risques? 
Imagine-t-on un hôpital sans groupe électrogène pour ses salles d’opération ?
Le bon sens voudrait qu’il en soit de même pour le cœur du système de pilotage d’une raffinerie.

L’article 9.4.2 de l’arrêté préfectoral traite des moyens de secours électriques en cas de perte électrique selon la page  4  du rapport d’inspection. L’industriel doit mettre en œuvre des mesures de maîtrise de risques (MMR) ayant une « cinétique de mise en œuvre en adéquation avec celle des événements à maitriser »…..

 

 

 

 

 

 

 

Une lecture attentive de l’arrêté ne nous a pas permis de trouver la MMR relative à la continuité de service des salles de contrôles. Peut-être a-t-elle été classée « Informations sensibles – Non communicable au public » comme de nombreuses études de danger (EDD)?

La page 12 du rapport d’inspection n’est pas très claire sur ce sujet.

Pour la crédibilité des études de dangers et de la réelle prise en compte des risques, il importe que l’Industriel et la DREAL précisent ce qui était formellement prévu,
et
si rien n’était prévu face au risque de perte prolongée de l’alimentation des salles de contrôle, des explications devraient être données.

Quoi qu’il en soit des mesures correctives immédiates devraient être imposées.

Trois mois après… Qu’est ce qu’on attend .. ? les coupures de courant probables de cet hiver ?


Maj  02/07/2022 ;  Lors du Dialogue Riverain : selon des sources présentes, Total aurait dit
« je préfère acheter une éolienne plutôt qu’un groupe électrogène »  !

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MAJ 09/07/2022  : incident à Feyzin (69) lié à une « coupure électrique » .. 

cf https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/rhone-un-panache-de-fumee-noire-recrache-par-la-raffinerie-de-feyzin-total-rassure-les-riverains-2578856.html
Redondance d’alimentation ET secours sont des éléments de base de la gestion de la continuité  ..
Il sera intéressant de savoir si la situation de Feyzin, est la même qu’à Donges, au regard des groupes électrogènes.

 

 

 

 

 

 

 

Le RETEX LUBRIZOL est sorti .. Quelle leçon pour Saint-Nazaire ?

Le document de « retour d’expérience » sur l’incendie LUBRIZOL à Rouen est enfin sorti;

https://www.interieur.gouv.fr/content/download/123242/988135/file/Retex-incendie-lubrisol-Rouen-septembre-2019.pdf

1) La synthèse commence avec la litanie d’une « faible culture du risque industriel »  qui serait moins développée à Rouen que dans d’autres secteurs de Seine Maritime.

Souvent l’État cache ses faiblesses dans le contrôle du respect de la réglementation par les industriels et la gestion de crise, en disant que le risque zéro n’existe pas et que c’est la faute à la population qui n’aurait pas « la culture du risque » ou aux manques de moyens d’alerte (sirènes, SMS cell broadcast, etc..).

Ne nous trompons pas, le bon sens, y compris économique, voudrait que les industriels œuvrent plus à la réduction de la probabilité de survenance des accidents et la réduction des effets s’ils surviennent ! , dès lors qu’ils veulent assumer leurs responsabilités.

2) une reconnaissance d’erreurs dans la gestion de l’évaluation des risques sanitaires , et notamment dans les prélèvements et analyses, pourtant essentiels pour une évaluation rapide des risques sanitaires à court, et long terme.

Les recos  sur ce thème, notamment les  8 , 10 et 11:

Au delà de la clarification des responsabilités, indispensable pour le financement, il faudra mettre en place  les moyens, – véhicules , outils , personnels spécialisés disponibles 24h/24, qui doivent être sur site dans l’heure qui suit la détection de l’accident.

Une telle force d’intervention devra être financée par les industriels qui ont des obligations dans ce domaine .

Une telle approche devrait être bien accueillie par les industriels puisqu’une  mutualisation devrait permettre de les aider à respecter leurs obligations à moindre coût.

Ayant vécu récemment l’incendie Guy Dauphin Environnement, et considérant que le vent ne sera pas toujours favorable, une question s’impose :

A quand de tels moyens sur Saint-Nazaire ?

Le Grand Port Maritime de Nantes-Saint-Nazaire ne devrait-il pas dès maintenant mettre en place une équipe opérationnelle 24h/24 et une chaine d’analyses rapides, le tout sous l’égide d’Air Pays de Loire  ?

En tout cas, le  Grand Port Maritime , établissement public , affiche clairement  son objectif de valorisation environnementale du territoire.

La page 52 indique qu’Atmo Normandie et les AASQA propose dans leur bilan de février 2020, de mettre en place des moyens mobiles équipés d’appareils de mesure de type PTR-MS , qui détecte simultanément, en temps réel, et quantifie les Composés Organiques Volatils dont certains sont cancérigènes.
Très adaptés à Saint-Nazaire au regard des nombreuses industries émettrices (TOTAL, CARGILL, AIRBUS, STX, ..).

Etude d’Atmo Normandie sur les analyseurs PTR-MS à Gonfreville

http://atmonormandie.fr/Publications/Publications-telechargeables/Rapports-etudes/Evaluation-d-un-analyseur-PTRMS-pour-la-surveillance-des-COV-en-situation-de-proximite-industrielle-Campagne-de-mesure-sept-oct.-2017

Téléchargement Evaluation d’un analyseur PTRMS

Appareil PTRMS Ionicon distribué par ADDAIR