Catégorie : Santé

Chrome6gate chez Airbus Saint-Nazaire : Amateurisme et/ou Omerta ?

Mise à jour – 09/10/2025

Le récent rapport d’inspection du 8 aout 2025 publié par la DREAL le 13 septembre 2025 concernant les rejets de Chrome VI du 20 au 23 mai 2025 par le site d’Airbus Saint-Nazaire n’a pas fini de faire parler de lui et va mettre sur la table des choses qui ne vont pas faire plaisir. 
Normal vu que le Chrome VI présent dans les peintures anti-corrosion est cancérigène, soumis à une autorisation et réglementation spécifique et que, l’agglomération nazairienne est caractérisée par un taux de surmortalité prématurée très élevé 43% pour les hommes et une sur-incidence (grand  nombre) de cancers.

En résumé, ce qui anormal et inadmissible, c’est que cela fait plus de 3 mois que des mesures  ont identifié des flux horaires de rejets 100 fois supérieurs au seuil maximal autorisé, et la population n’a pas été informée et en plus ni l’exploitant ni les autorités ne peuvent affirmer -preuves à l’appui- s’il y a eu des erreurs ou pas dans les mesures. 
Depuis bientôt 4 mois, aucun audit ou expert indépendant n’a pu expliquer pourquoi les  mesures ont détecté des rejets équivalents à 100 usines AIRBUS au maximum de leur autorisation
.
Si les mesures sont justes, alors employés et populations ont été exposés à des doses hors normes.
Si les mesures sont erronées, on ne peut donc plus faire confiance au système d’autosurveillance actuel, ni pour les mesures passées, ni pour le futur. Il importerait alors de mettre en place d’autres moyens par exemple une surveillance environnementale fréquente indépendante.

De plus, la gestion de l’alerte voire de la crise a été INEXISTANTE du point de vue de la population voisine. Aucune Alerte.  Aucune activation d’une cellule de crise

le 29/08/2025 des mesures simultanées sur 4 rejets ont été réalisées par Bureau-VERITAS et DEKRA pour tenter de comprendre.  Le flou et l’incompréhension persistent
Pour une des quatre cheminées  – SIMA Cabine- 
DEKRA a trouvé  29 fois plus de Cr VI que Bureau VERITAS
et pour une autre – SUNKISS2 nord,
Bureau VERITAS a trouvé 32 fois plus de Cr VI que DEKRA.

Une telle « variabilité » dans les mesures les décrédibilisent..

Espérons que l’expertise et l’indépendance d’INERIS, qui doit intervenir prochainement vont éclairer cette  pénible situation.

Par ailleurs, les rapports de mesures et analyses des rejets et de filtration de 2023 et 2024 des deux sites AIRBUS, moult fois demandés,  n’ont toujours pas été communiqués.
Pour qu’il y ait TRANSPARENCE et EFFICACITE collective, il importe que les documents « environnementaux » produits par l’exploitant soient communiqués aux associations présentes dans les CSS, dès leur mise à disposition de la DREAL.

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L’analyse de la chronologie des faits issus du rapport conduit à des questions.

A) 22 JANVIER  : le constat du point n°3 de l’inspection indique « Par courrier du 22-01-2025, la DREAL a diligenté la réalisation d’un contrôle inopiné sur les rejets atmosphériques  en chrome VI » et que ce « contrôle a été réalisé par la société DEKRA du 20 au 23-05-2025 » .

Questions :

  • Quelles sont les informations, événements dont disposait la DREAL pour décider de la réalisation d’un contrôle inopiné ? Avaient-t-elles des doutes sur l’efficacité des mesures des années précédentes réalisées par BUREAU VERITAS pour AIRBUS ?
  • AIRBUS a-t-il été informé de ce projet de contrôle inopiné ?
    Si oui, Comment et Quand ? Est-ce par le courrier du 22-01-2025 ?
    Quand a-t-il été informé de la date à laquelle le contrôle aurait lieu ? 

Suite à la réunion du 3/10/2025 avec le sous-préfet il semblerait que le courrier du 22/01/2025 demande à AIRBUS de trouver et financer le prestataire pour ces mesures .. AIRBUS a choisi DEKRA.
Pas de nouvelle info sur la connaissance anticipée ou non de la date du contrôle.

 

B) 28 Janvier .   Le constat du point n°2 nous apprend que les mesures visant à s’assurer de la qualité de la filtration ont été effectuées sur trois jours consécutifs à partir du 28 janvier « suite au changement de filtre effectué le 28 janvier  »

Questions :

  • Est-ce la pratique habituelle de changer le filtre juste avant les mesures des rejets ? 
  • Une telle pratique nuirait gravement à la conformité, objectivité de la mesure de la filtration, si les filtres ne sont pas systématiquement changés avant 3 jours ! 
    Y-a-t-il des consignes d’exploitation à jour et sont-elles respectées imposant le changement de filtres à la bonne fréquence rigoureusement définie ? 

C) 08 Avril .  Le constat du point n°1 indique que des mesures pilotées par AIRBUS ont été réalisées « par la société BUREAU VERITAS  du 08 au 16 avril 2025 » et que le flux total relevé était de 0.4237 g/h c’est-à-dire supérieur de 41% au flux total maximal fixé par arrêté.

Questions :

  • Quand AIRBUS a-t-il eu connaissance par BUREAU VERITAS du montant du flux hors limite ?
  • AIRBUS a t il informé la DREAL du dépassement de la limite fixée par l’arrêté de 2018 ?
    Si oui quand ?
  • A partir de quel dépassement du seuil maximal y-a-t-il activation d’une procédure de crise ?
  • Y-a-t-il eu activation d’une cellule de crise ? quand ? quels participants internes et externes ?

Lors de la réunion du 3/10/2025 avec le sous-préfet, AIRBUS a confirmé ne pas avoir  alerté la DREAL lors du dépassement de 41%.. 
Comme si de rien n’était . 
La DREAL n’est pas surprise .
A quoi sert donc cette auto-surveillance , si personne n’agit quand les limites sont dépassées !!!!!

D) 20 mai . Le constat du point n°3 de l’inspection indique que DEKRA a réalisé le contrôle inopiné le 20 au 23 mai et que les résultats n’ont été communiqués à la DREAL et à l’exploitant que le 06-08-2025, soit plus de 10 semaines après la fin des mesures !
Ce délai parait anormalement long au regard des délais habituellement constatés (plutôt 4 à 5 semaines) dans les prestations VERITAS en 2023 et dans les prestations de DEKRA effectuées chez d’autres industriels comme les Chantiers de l’Atlantique. Un tel délai ne parait guère adapté dans le cas de mesures de rejets de produits dangereux et complètement « hors sol » en cas de dépassement des valeurs limites.

Questions :

  • Quelle est la durée habituellement accordée par AIRBUS à son prestataire BUREAU VERITAS pour rendre son rapport pour de telles mesures ?
  • Un délai maximal était-il prévu dans la commande à DEKRA ?
  • Y-a-t-il eu une communication informelle, orale ou écrite, des résultats des mesures avant la remise formelle du rapport
    si oui à quelle date et à qui ?
    Si oui, DEKRA a-t-il fourni ses résultats  avec des explications sur le bien-fondé ou non des chiffres annoncés  hors normes ?

Lors de la réunion du 3/10/2025 avec le sous-préfet, AIRBUS a affirmé ne pas avoir été informé préalablement de l’énorme dépassement avant la date du 6 août.
La DREAL aurait rappelé que Bureau VERITAS avait remis le 2 juin son rapport relatif aux mesures du 08 au 16 Avril . Ce qui fait 6 semaines et 4 jours dont les ponts du mois de mai.  
DEKRA a pris 10 semaines sans alerter au plus tôt des énormes valeurs !

E) 20 Mai suite.  On apprend que les filtres ont été remplacés le 20 mai pour la cabine SUNKISS2 juste avant la réalisation des contrôles.
Pour la cabine SIMA, les filtres sont remplacés tous les 3 mois et le dernier remplacement a eu lieu fin mars « en préalable aux contrôles d’autosurveillance  » réalisés début avril par BUREAU VERITAS.
Une phrase du constat du point n°3 mérite une explication . « cependant , la deltaP mesurée après remplacement justifiant de la mise en place correcte de filtres n’est pas tracée »

Questions 

  • Le mot DeltaP veut-il bien dire  « différence de pression » ?  
  • Y-a-t-il un manque de rigueur dans l’application des procédures de filtration ?
  • L’absence de traçage de mesures de la deltaP  peut-il générer un doute sur la bonne mise en place des filtres lors des remplacements et de facto de la performance de la filtration ?

F) Août 2025

L’inspection DREAL a été diligentée rapidement, semble-t-il après la réception du rapport DEKRA, et le rapport d’inspection est daté du 14 août.
Les actions intégrées dans le plan d’action demandé à AIRBUS  ont du sens, mais l’exigence de délais à savoir « dans les meilleurs délais » et  « proposition de délais : 1 mois » n’est pas suffisante au regard du dépassement hors normes de 10 000% du maximum autorisé.

Questions :

  • Y-a-t-il réunion d’un comité de crise ?
    Si oui, Quand ? avec qui ?
    Pourquoi n’a t il pas déclenché des mesures d’urgence et des actions de protection de la population ?
  • Si non. Pourquoi ? parce que la population ne voit pas ce qu’elle respire ?
    Parce que les molécules cancérigènes ne sont pas aussi visibles que les fumées d’un incendie comme à Lubrizol  ?
  • N’est il pas urgent de revisiter les processus d’autosurveillance et d’alerte ?

Lors de la réunion du 3/10/2025 avec le sous-préfet, AIRBUS a affirmé avoir été plus que surpris par les résultats et l’avoir exprimé à DEKRA.
La DREAL confirme que cela n’a pas été traité comme une « crise » ou un accident.

A nos yeux, au regard de la dangerosité du Cr VI, urgence et transparence auraient du être de mise dès les premier jours, même au mois d’août.
Certes des actions d’analyses de documents, des confrontations des 2 prestataires ont été faites, des mesures supplémentaires fin août en simultané ont été réalisées sur 2 cabines.
Mais, aucune explication des différences n’a été trouvée deux mois après !

Pire, dans les mesures en simultané du 29 août,
pour une des quatre cheminées  – SIMA Cabine- 
DEKRA a trouvé  29 fois plus de Cr VI que Bureau VERITAS
et pour une autre – SUNKISS2 nord,
Bureau VERITAS a trouvé 32 fois plus de Cr VI que DEKRA.

=> une chose est sûre .. la confiance est au plus  bas ! 
avec ce système d’autosurveillance par l’exploitant avec des sociétés de contrôle aux résultats incertains,
et la DREAL qui n’est pas alertée en cas de dépassement des limites imposées par l’arrêté préfectoral et qui ne déclenche pas de gestion de crise dans de telles circonstances .

=> les acteurs de bonne foi, doivent urgemment revisiter le processus,
avec   Objectivité, Impartialité, Réactivité, Efficacité 
et bien sûr  .. une vraie  Transparence . 

 

 

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Courrier envoyé aux sous-préfet, élus, membres de la commission de suivi de site

avec des demandes : 

Face à cette situation dont la gravité parait sous-estimée,  nous demandons aux services de l’État  de

  • Solliciter urgemment l’intervention d’experts indépendants INERIS pour prioritairement procéder à de nouvelles mesures avec différentes anciennetés des filtres et secondairement de comparer les procédures de VERITAS, DEKRA et des laboratoires.
  • Publier les rapports d’analyses des rejets et des filtrations réalisés en 2023, 2024 et 2025 sur le site de l’exploitant, de Géorisques voire de la DREAL pour que la transparence toujours évoquée devienne réalité, d’autant que l’association VAMP l’avait demandé le 28 avril et redemandé le 19 mai, et que la DREAL avait écarté ces demandes légitimes et  a postériori très justifiées.
  • Prescrire à AIRBUS Atlantic un plan de surveillance environnementale renforcé, avec une durée « sérieuse » d’au moins 8 semaines par an (à comparer aux quelques jours du plan actuel)  et en synchronisant et étudiant les activités réalisées dans les cabines de peinture, les analyses de rejets et l’observation des  vents vers les habitations de Méan-Penhoët.
  • Contraindre AIRBUS à mettre en place un réel programme de substitution du CR VI tel qu’il devrait être en œuvre depuis 2016 selon REACH et en publier annuellement l’avancement
  • Organiser en urgence une réunion de la Commission de Suivi de Site en associant des experts INERIS en modélisation de la dispersion de rejets  et l’Agence Régionale de Santé, voire  une cellule de crise.

 

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Communiqué de presse du député Mathias TAVEL

Le député a bien compris la gravité des événements et demande la mise en place d’un plan de surveillance environnementale permanent, pérenne et indépendant.

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Réponse du sous-préfet le 19 septembre 2025

Madame, Monsieur,

J’ai bien reçu votre courrier du 17 septembre 2025 et vous assure que je suis attentivement, avec l’appui de la DREAL,  le plan d’actions engagé par Airbus Atlantic suite à réception des mesures de rejets atmosphériques en Chrome VI sur les cabines de peinture.
Dans un souci de transparence et d’information de la population, un communiqué de presse a été transmis par la préfecture aux rédactions dès le 16 septembre. La DREAL vous transmettra les derniers rapports de mesure de rejets atmosphériques de 2025 d’Airbus Atlantic une fois anonymisée par l’exploitant et après avoir vérifié que le contenu était communicable au sens de la circulaire du 11 mai 2020 relative à la mise en œuvre des dispositions régissant le droit d’accès à l’information relative à l’environnement.

Dix jours après, les documents demandés ne sont toujours pas transmis. Il serait temps qu’une version « anonymisée » soit produite et diffusée dès la création d’un document « environnemental » pour ne pas perdre un temps précieux dans la transparence et l’efficacité du partage avec la population intéressée.

Le 8 août, la DREAL a mené une inspection réactive sur le site Airbus Atlantic à Saint-Nazaire suite aux résultats reçu le 6 août d’un contrôle inopiné mandaté par l’administration qui a mis en évidence un dépassement potentiel  des valeurs limites de rejets  atmosphériques en Chrome VI dans les rejets atmosphériques. Des demandes de justificatifs ont alors été sollicités auprès de l’industriel et un projet d’arrêté préfectoral de mise en demeure a été transmis en contradictoire auprès de l’exploitant.

L’usage du mot « potentiel » est intéressant et traduit un doute quant à la justesse du rapport d’un organisme accrédité. Y-a-il un tel doute quand il n’y a pas de dépassement ?!!
On déduit de la demande de justificatifs, que le rapport avec des chiffres hors normes n’en comportaient pas malgré l’énorme dépassement ! . 
Enfin, 50 jours après la réception : pas de trace d’une mise en demeure !

Suite à réalisation de nouvelles analyses par 2 organismes, Airbus Atlantic a pu justifier du respect des valeurs limites imposées par l’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploiter et a engagé un plan d’actions visant à améliorer l’efficacité de ses dispositifs de filtration et à renforcer le suivi de ses rejets en chrome VI.  Les campagnes de mesure ayant cependant mis en évidence des différences notables de résultats obtenus par 2 organismes indépendants, Airbus Atlantic va solliciter l’INERIS pour évaluer si une expertise des mesures réalisées est possible. Dans l’attente, l’exploitant a suspendu l’utilisation des peintures contenant des chromates dans une des cabines de peinture.

Aucune publication des noms des 2 organismes, ni des valeurs mesurées , ni des rapports détaillés pourtant demandés. Pas de « justification » documentée partagée.
On notera que ces « nouvelles analyses » auraient été réalisées en moins de 5 semaines en plein mois d’août à comparer aux 10 semaines de DEKRA( cf.supra).

En parallèle, dans le cadre des travaux menés par l’État sur l’étude de zone, des mesures en chrome VI sur une période de 8 semaines sur 2 stations proches d’Airbus Atlantic ont été réalisées. Une fois les résultats disponibles, il sera possible de déterminer si une surveillance environnementale plus pérenne doit être mise en place.
J’ai prévu de réunir d’ici la fin de l’année la commission de suivi de site pour continuer les échanges en toute transparence.
Cordialement
Eric de WISPELAERE

De mémoire la dernière campagne de mesures de Chrome VI de l’étude de zone était prévue pour se terminer le 7 juillet 2025 et d’après mes observations les vents sur les courtes périodes de mesure risquent fort de ne pas être représentatifs des vents annuels. 
De plus, on peut rappeller que le nombre de stations de mesures de chrome VI avait été unilatéralement réduit à un nombre ridicule ne couvant pas le périmètre de l’étude de zone et que la station la plus proche est au stade de Méan-Penhoët du côté opposé aux Chantiers et Airbus.

Chacun appréciera la prise en compte de la gravité des risques sanitaires dans la réaction d’AIRBUS et des services de l’Etat alors qu’il a été mesuré 100 fois plus de chrome VI que le seuil maximal autorisé et que rien dans la réponse du sous-préfet n’indique que la mesure serait erronée et qu’il n’y a également aucune information sur les éventuelles périodes d’arrêt par précaution des cabines de peinture.

Et pas un seul mot sur l’exposition de la population.

De mémoire, le cas LUBRIZOL à Rouen avait mieux traité.
Certes les fumées noires se voient mieux que le Chrome VI cancérigène.

HEXANE dans la CARENE – double dose

Depuis quelques temps, France Info , Marianne et d’autres évoquent  l’ubiquité de l’hexane dans notre alimentation et les dangers associés, notamment les effets neurologiques et sur la reproduction.
C’est lié aux travaux de Guillaume COUDRAY et à la publication du livre « De l’essence dans nos assiettes . Un article d’Anne-Laure BARRAL a déjà été publié sur le sujet en mai 2025.

En quelques mots : Guillaume explique que les producteurs d’huile de Tournesol, Soja extraient l’huile des graines oléagineuses en utilisant un hydrocarbure, un solvant de formule chimique C6H14 que d’aucuns comparent au « White Spirit ». Le processus de production comporte ensuite une phase de « désolvantation » pour récupérer de l’hexane.
Ce qui n’est pas explicité sur les emballages, c’est qu’il y a des résidus d’hexane dans les huiles, et donc dans les aliments qui les utilisent. Des résidus plus importants sont présents dans les « tourteaux », qui sont ce qui reste des graines après dissolution de l’huile. Or ces tourteaux, sont vendus aux agriculteurs pour nourrir leurs animaux. De facto, la consommation de viande va accroître la quantité d’hexane qui pénètre dans le corps humain.

Les caractéristiques de solvant de l’hexane, ses interactions avec les graisses ont des impacts sanitaires qui n’ont pas tous été approfondis mais les impacts « neurologiques » de l’hexane sont reconnus.

Revenons à la CARENE qui a sur son territoire deux usines CARGILL  qui triturent  soja et tournesol, l’une à Saint-Nazaire quasiment en cœur de ville, et l’autre à Montoir-de-Bretagne.

Les nazairiens sont-ils plus impactés que les autres français ?
Malheureusement oui.
En plus de l’hexane dans la nourriture, nous respirons l’hexane présent dans l’air.

CARGILL répète à tout va qu’il a mis en place un « recyclage » efficace de  l’hexane, sans doute mais la perfection n’existe pas et il y a des « fuites ».
Dans les dossiers d’autorisation d’exploiter, on ne trouve pas de mesures d’hexane  financées par CARGILL réalisées dans les quartiers avoisinants pour connaître les concentrations respirées.
Curieux ?  Non, c’est classique quand il y a des risques.
CARGILL préfère communiquer sur les actions menées sur les odeurs émises, sans se vanter du fait qu’il les masquent avec des produits de  parfumerie. (cf les études olfactives confiées à Air Pays de la Loire ). Classique pour détourner l’attention.

En 2021 et 2022 les associations environnementales ont demandé à Air Pays de la Loire de réaliser une étude des composés organiques volatils dans les communes de Basse-Loire incluant notamment le benzène qui avait été identifié dans l’air des écoles et l’hexane.
Air Pays de la Loire avait accepté de la réaliser une « petite » campagne de mesures sur ses fonds propres.

Petite : car elle a duré seulement 8 semaines ce qui ne permet généralement pas d’avoir une bonne « couverture » des vents annuels

Pour compenser cette courte durée, j’avais obtenu d’Air Pays de la Loire qu’il fasse en plus une mesure très ciblée proche de la zone industrielle portuaire, proche des chantiers de l’Atlantique et de Cargill, plus précisément au square Delzieux et que la capture d’air pendant 30 mn soit réalisée  quand les vents venait du Nord-Est ou de l’Est. Ce fut fait.

Le rapport est sans ambiguïté sur l’origine de l’hexane détecté, les vents venaient bien du côté de CARGILL lors des mesures du 30 novembre. 

page 22  on a le résultat d’une mesure d’hexane pendant 30 minutes venant  de CARGILL  :
environ 2,6 µg/m3

Le lecteur va peut-être s’interroger sur quel est l’impact sanitaire.
Est-ce la complaisance des services de l’Etat  ( DREAL, ARS ?) … ? toujours est-il que la dernière étude de risque sanitaire date de 2005 !!
Quand on ne veut pas savoir, il suffit souvent de commencer à ne pas chercher ..

 

Forte croissance des prises en charge pour maladie cardiovasculaire

L’Agence Régionale de Santé (ARS) a produit le 3 avril dernier une actualisation des indicateurs de santé des habitants de la CARENE.
La réalisation des précédents rapports sur le sujet avaient été confiée à l’Observatoire Régional de la Santé (ORS) et au Registre des Cancers. Vous pouvez les retrouver : 2019 et 2023

Des chiffres récents ont été publiés pour les personnes prises en charge pour maladie cardiovasculaire Plus de 23% par rapport au taux départemental.

Un graphe montre une forte croissance depuis 2018, qui dépasse celles du département, de la région et de la France métropolitaine : 

Par rapport à 2018 : Sur 4 ans, une croissance de 12% à comparer à une croissance d’environ 5% pour la France métropolitaine ..  soit plus du double !

L’actualisation mentionne « Ce constat est retrouvé sur les zones littorales ou à plus forte densité de personnes âgées (vieillissement de la population) » .
Il est vrai que les zones littorales accueillent beaucoup de personnes âgées qui prennent soin de leur santé cardiovasculaire.

Cependant quand on examine et compare les indices de vieillissement dans l’observatoire PISSTER  de l’ORS  -rapport entre le nombre de personnes de 65 ans et plus et celui de moins de 20 ans-   la CARENE est loin d’être une agglomération « âgée » : 

Indice Vieillissement
Dépt : 0.84, France  0.86, Redon 0.95, CARENE 0.96, Cap-Atlantique 1.80, Noirmoutier 2.53

Et quand on regarde  l’indice de mortalité prématurée, il y a de grands écarts :  

Hommes
Dépt : 101,  France 100,  Redon 130,  CARENE 143, Cap-Atlantique 95, Noirmoutier 158

Ce qui permet de conclure que l’âge n’est pas la seule corrélation à rechercher :

L’agglomération de REDON a un indice de vieillissement quasiment égal à celui de la CARENE, un indice de mortalité prématurée élevé pour les hommes un peu inférieur à celui de la CARENE.
Quand on regarde les industries locales :  3 sites SEVESO et 2 sites émettant du Chrome VI.
Tiens … 

Un communiqué de presse de l’ARS en date du 27 mai 2025 a des formulations partiales et parcellaires puisqu’il n’indique pas que la CARENE a une croissance plus forte que le national pour le taux de maladies cardiovasculaires ( en plus du taux le plus élevé   alors que c’est ce qui ressort clairement du graphique ci-dessus).

Message pour l’ARS : Arrêtez d’évoquer les « causes multifactorielles » , « complexes à identifier »  ! 
Soyez factuels, clairs, pragmatiques , concrets : commencez par identifier les spécificités locales et à réduire les émissions des polluants industriels   .. déjà reconnus comme dangereux ( ex Chrome VI, métaux lourds, particules fines et ultrafines …)

émissions de polluants dans la CARENE comparées à la Région

AIR Pays de la Loire vient de publier la huitième version de BASEMIS, la base de données contenant les émissions de polluants atmosphériques de la région.
Merci à leurs ingénieurs !

Comme lors de la publication il y a 2 ans de la V7, nous avons construit un premier graphique avec les moyennes des émissions dans la CARENE disponibles depuis 2008 pour chacun des polluants et en divisant par la moyenne des émissions dans toute la région.

On voit ainsi que – sur ces 16 années –  41,5% des émissions de NICKEL  de la région ont été émises sur le territoire de la CARENE  qui ne représente que 1% de la Région.
Preuve s’il en était besoin que les activités industrielles de la région sont très très concentrées dans l’agglomération de Saint-Nazaire.

Ci-dessous un tableau avec les évolutions depuis 2008 pour  les 9 polluants dont les densités d’émissions par km2 dans la CARENE sont au moins 3 fois plus importantes que la densité d’émissions globale de la région.



Vu que les effets sur la Santé sont de plus en plus confirmés par les études scientifiques et notamment la récente étude de Santé publique France  sur les conséquences des pollutions des particules fines PM2.5 et du dioxyde d’Azote,

Vu la présence dans le bassin Nazairien d’activités et d’expositions professionnelles fréquemment citées dans le Rapport de l’ANSES et du RNV3P déjà analysé dans un article précédent,

Pour quelques uns de ces polluants, nous avons juxtaposé le graphe des densités d’émissions et les principales expositions pour lesquelles l’ANSES a identifié des liens ..

 
L’ARSENIC et son probable lien avec les cancers broncho-pulmonaire et du rein,
comme les fumées de soudage

Le NICKEL et son impact sur les cancers des fosses nasales et des sinus
(forme de cancer des voies aériennes et digestives supérieures VADS souvent attribuées à l’alcool et le tabac …
Malheureusement BASEMIS ne fournit pas de données sur les émissions de chrome qui ont le même type d’impact)

Les solvants, émettant des COV, pouvant contribuer à l’apparition de cancer colorectal.
D’où l’importance de favoriser les dépistages dans la région.

Doit-on rappeler quels sont les types de cancers qui sont en sur-incidence dans l’agglomération ?   VADS , Poumon, Colon-rectum …en sus de la plèvre(Amiante). 

Source ORS 2023.
 

Que ceux qui n’ont pas encore pris conscience de la gravité des conséquences de ces émissions, et de l’impérieuse nécessité de mesurer les concentrations respirées et de réduire les émissions s’interrogent sur leur responsabilité… et surtout agissent !
Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

RESPES-Santé-2025

Plan de Surveillance Environnementale

Une opportunité pour les entreprises du bassin nazairien


1. Introduction

Face aux enjeux environnementaux actuels et à l’aggravation de la situation sanitaire avec une surmortalité prématurée qui atteint 43% pour les hommes (Source PISSTER indicateur n°25 données 2021), il est essentiel de mettre en place un plan de surveillance environnementale permettant un suivi rigoureux des impacts industriels sur l’air, l’eau, la biodiversité et la santé. Ce projet vise à associer les grandes entreprises du bassin nazairien à une démarche proactive et attirante.


2. Pourquoi investir dans un plan de surveillance environnementale ?

a. Un levier de compétitivité et d’innovation

  • Amélioration de l’efficacité des processus industriels
  • Optimisation de la gestion des ressources (eau, énergie, déchets)
  • Accès à des financements et aides publiques

b. Conformité et anticipation réglementaire

  • Réduction des risques de sanctions et de contentieux
  • Mise en conformité avec les réglementations environnementales en constante évolution
  • Contribution aux objectifs de développement durable (ODD) et aux engagements climatiques

c. Valorisation de l’image et de la RSE

  • Indispensable amélioration de la perception publique et l’attractivité pour les talents 
  • Renforcement de la confiance des parties prenantes (clients, investisseurs, institutions)
  • Positionnement en tant que leader de la transition écologique ET de la santé environnementale en milieu industriel

3. Modalités de mise en place du projet

a. Objectifs et actions clés

  • Surveillance de la qualité de l’air, de l’eau et des sols
  • Mise en place de capteurs et outils de monitoring en temps réel 
  • Analyse et reporting réguliers des données environnementales
  • Communication transparente et pédagogique des résultats pour un ciblage efficace

b. Modèles de financement

  • Participation financière proportionnelle à la taille de l’entreprise et aux émissions
  • Cofinancement avec les institutions publiques et fonds européens
  • Sponsoring et mécénat environnemental

4. Appel à engagement

Nous invitons les entreprises du bassin nazairien à devenir des acteurs majeurs de ce projet en contribuant activement à la surveillance et à la préservation de notre environnement commun et de la santé des habitants qu’ils soient ou non employés.

Ensemble, construisons une industrie plus durable, responsable et soucieuse de la santé de tous.