LANCET : Exposition à la pollution de l’air extérieur et performances cognitives
Outdoor air pollution exposure and cognitive performance: findings from the enrolment phase of the CONSTANCES cohort
Exposition à la pollution de l’air extérieur et performances cognitives : résultats de la phase de recrutement de la cohorte CONSTANCES
Contexte
L’exposition à la pollution atmosphérique est potentiellement l’un des facteurs de risque
modifiables du déclin cognitif. Notre objectif est d’étudier l’association entre l’exposition à
plusieurs polluants de l’air extérieur et les performances cognitives dans différents
domaines.
Méthodes
Dans cette étude transversale, nous avons utilisé les données de la phase de recrutement de
la cohorte française CONSTANCES. Parmi les 220 000 personnes (âgées de 18 à 69 ans)
recrutées aléatoirement à partir des listes de l’Assurance Maladie, les participants âgés de
45 ans ou plus (104 733 personnes) ont réalisé un bilan cognitif complet qui incluait des tests
pour évaluer différents domaines : la mémoire, la fluence verbale et les fonctions exécutives.
61 462 participants avec des données disponibles ont été inclus dans les analyses. Nous
avons estimé – avec des modèles LUR (land use regression) à partir de l’adresse de résidence
– les concentrations moyennes annuelles, aux particules ayant un diamètre aérodynamique
inférieur ou égal à 2,5 μm (PM2.5), au dioxyde d’azote (NO2) et au carbone suie. Nous avons
utilisé des modèles de régression multiples, ajustés sur plusieurs covariables, pour tester les
associations entre chaque polluant et chaque score cognitif. Nous avons effectué plusieurs
analyses de sensibilité : des modélisations multi–niveau, une méta–analyse par centre de
recrutement, l’exclusion de groupes de population spécifiques, etc.
Résultats
Une augmentation de l’exposition au carbone suie et au NO2 est associée significativement à
de moins bonnes performances cognitives, pour la fluence verbale et les fonctions
exécutives. Pour une augmentation d’un écart interquartile d’exposition, nous observons de
1 à près de 5% de baisse des performances cognitives. L’effet le plus important (diminution
en pourcentage) pour le NO2 et les particules PM2,5 est décrit pour le test de fluence
verbale sémantique [PM2,5 : 4,6 % (IC à 95 % : 2,1, 6,9) ; NO 2 : 3,8 % (IC à 95 % : 1,9, 5,7)],
alors que pour le carbone suie, l’effet le plus important est observé pour les codes de
Weschler, bon indicateur du fonctionnement exécutif, [4,5 % (IC à 95 % : 2,7, 6,3)]. Toutes
les associations significatives exposition–cognition sont linéaires et monotones dès un faible
niveau d’exposition.
Interprétation
Des performances cognitives significativement plus faibles étaient associées à l’exposition à la pollution de l’air extérieur même à de faibles niveaux d’exposition. Cela souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour réduire l’exposition à la pollution atmosphérique.
Financement
La Caisse Nationale d’Assurance Maladie, et en partie financé par Merck Sharp & Dohme et
L’Oréal, l’Agence Nationale de la Recherche et Fondation de France