Fumées de soudage – Particules Ultrafines – Santé – Cancers – Thèse

Depuis quelques jours, on parle beaucoup des  Particules Ultrafines (PUF) suite à la publication du rapport d’Air Pays de la Loire sur les émissions des avions de l’aéroport de Nantes.

Et pourtant cela fait des années que l’on sait que les fumées de soudage sont des PUF cancérigènes, et malheureusement pour la population de Saint-Nazaire, on ne les a jamais (devrais-je dire pas encore ?) mesurées autour des multiples lieux de soudage liés aux chantiers navals et à l’industrie aéronautique, sans oublier le BTP , les tuyauteries et stockages dans le monde des énergies.

l’ANSES l’a écrit  VSR2017SA0237Ra-2 fumées de soudage cancérogènes

l’INRS l’a écrit 

Dans le monde de la recherche Santé-Travail on voit des thèses comme

 

et même dans le monde du BTP en 2019

Vendredi-24-mai-9h25-Renaud-Persoons-Soudage-Metz-2019

 

Ne pas avoir de groupe électrogène quand on s’appelle TOTAL Energies

Le rapport de l’inspection réalisée le 11 mars par la DREAL suite à ” l’incident électrique ” (coup de pelleteuse là où il ne fallait pas) du 8 mars dans la raffinerie de Donges a été enfin publié sur Géorisques , trois mois après.

On y découvre que la 2eme raffinerie de France ne disposait pas de groupes électrogènes pour garantir le fonctionnement de sa “salle de contrôle BPN contenant le cœur du système” en cas d’incident/panne/coupure électrique !
Ce n’est pourtant pas le carburant qui manquerait sur place pour le faire fonctionner !
Lors de la coupure électrique accidentelle, les batteries n’ont tenu qu’environ 3 heures et les trois salles de contrôles sont tombées dans le “noir” vers 15h.

Privé de remontée d’information, des rondes ont été organisées pour surveiller des points particuliers. Des “balises de détection” ont “été mises en place pour pallier l’absence de fonctionnement de certains détecteurs de gaz”.

Peut-on réellement imaginer piloter une raffinerie dans le noir ?
Heureusement qu’elle était à l’arrêt !

Imaginons une seconde qu’elle ne soit pas “en grand arrêt”  et qu’un incendie comme celui qui s’est déclaré le 28 mai 2022 se produise alors que les centres de contrôles n’ont plus les alarmes et les  remontées d’information des unités techniques et qu’ils n’ont pas non plus la totalité des moyens d’action habituels.
A quelle catastrophe, aurions-nous été confrontés ?!

Heureusement, un groupe électrogène lié à des travaux a pu être réquisitionné pour rétablir dans la soirée l’alimentation électrique d’une salle.

Revenons à la question première.
Pourquoi les salles de contrôles ne disposaient pas de dispositifs de secours électriques à la hauteur des risques? 
Imagine-t-on un hôpital sans groupe électrogène pour ses salles d’opération ?
Le bon sens voudrait qu’il en soit de même pour le cœur du système de pilotage d’une raffinerie.

L’article 9.4.2 de l’arrêté préfectoral traite des moyens de secours électriques en cas de perte électrique selon la page  4  du rapport d’inspection. L’industriel doit mettre en œuvre des mesures de maîtrise de risques (MMR) ayant une “cinétique de mise en œuvre en adéquation avec celle des événements à maitriser”…..

 

 

 

 

 

 

 

Une lecture attentive de l’arrêté ne nous a pas permis de trouver la MMR relative à la continuité de service des salles de contrôles. Peut-être a-t-elle été classée “Informations sensibles – Non communicable au public” comme de nombreuses études de danger (EDD)?

La page 12 du rapport d’inspection n’est pas très claire sur ce sujet.

Pour la crédibilité des études de dangers et de la réelle prise en compte des risques, il importe que l’Industriel et la DREAL précisent ce qui était formellement prévu,
et
si rien n’était prévu face au risque de perte prolongée de l’alimentation des salles de contrôle, des explications devraient être données.

Quoi qu’il en soit des mesures correctives immédiates devraient être imposées.

Trois mois après… Qu’est ce qu’on attend .. ? les coupures de courant probables de cet hiver ?


Maj  02/07/2022 ;  Lors du Dialogue Riverain : selon des sources présentes, Total aurait dit
“je préfère acheter une éolienne plutôt qu’un groupe électrogène”  !

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MAJ 09/07/2022  : incident à Feyzin (69) lié à une “coupure électrique” .. 

cf https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/rhone-un-panache-de-fumee-noire-recrache-par-la-raffinerie-de-feyzin-total-rassure-les-riverains-2578856.html
Redondance d’alimentation ET secours sont des éléments de base de la gestion de la continuité  ..
Il sera intéressant de savoir si la situation de Feyzin, est la même qu’à Donges, au regard des groupes électrogènes.

 

 

 

 

 

 

 

YARA – expertise – délai de 3 mois

Le 19 janvier 2022, plus d’un mois et demi après la visite d’une inspectrice, le Préfet ,
dans son  Arrêté 2022-ICPE-014 APC , accordait un délai de 3 mois pour qu’une expertise soit réalisée pour statuer sur le niveau de sécurité de certaines installations qui sont exploitées par YARA à des températures dépassant la valeur maximale admissible de 400° C.

Le rapport a-t-il été fourni dans les conditions prescrites ?

Trois mois durant lesquels, le risque d’accident était présent, pouvant impacter gravement, l’établissement, les employés , les sites industriels voisins dont ELENGY et ses milliards de mètres cubes de gaz et les habitants de la CARENE. 

Trois mois d’angoisse légitime pour la population quand on lit dans l’arrêté  qu’il y a des risques importants de perte de confinement et des fluides toxiques :

Le jour J + 3 mois est arrivé  !

Mr le Préfet va-t-il diffuser le rapport – qui doit  être “sans équivoque”, “d’une formulation claire”  !

Y-a-t-il eu mise en danger de façon certaine, probable  ?

Va-t-on rester dans un flou, dans une zone de risque inacceptable, jusqu’à ce que cela “pète” ?

PS. : un grand merci à l’Inspectrice de la DREAL qui a fait le job lors de sa visite du 02/12/2021.

 

RABAS 2021 – 2022 – jeu de cache-cache

En 2021 , un premier arrêté .(20 mégas). 2021 08 30 Arrêté 2021-ICPE-227 Rabas Protec ocr

En 2022, un deuxième (3 mégas)   2022 03 17 – APC n° 080 RABAS PROTEC St-Nazaire ocr

Ce qui est “curieux”, c’est la discrétion sur le pourquoi de l’arrêté de 2022 et la présence d’une seule occurrence du mot “chrome” et l’absence de “Reach”.

En 2022, le mot “Chrome” apparait dans une prescription sur le rejet n° 1 qui concerne le traitement de surfaces. En 2021 seuls les ateliers de peinture étaient concernés par une mesure annuelle du Chromate de strontium.
On peut donc penser que la nouveauté n’est pas dans l’application de peinture chromate de strontium, soumise à REACH.

L’article 1.2.1 relatif aux installations a peu changé … on passe de 10775  à 18550 litres .
On peut d’ailleurs se demander pourquoi on mesure en “litre” des opérations de polissage !

Il y a plus de changement dans l’article 1.2.3 :

Le fait que le mot “sodique” ait disparu dans l’expression décapage alcalin est probablement insignifiant.
En revanche, les procédés  “conversion chimique“, OAS qui vaut sans doute pour “Oxydation anodique sulfurique” et “colmatage” sont nouveaux !

Qu’est ce que la “conversion chimique” ? 
Y-a-t-il du Chrome ?

Un article d’un fournisseur de produit de “conversion chimique au chrome trivalent” peut nous aider à comprendre..

La réponse à la question posée est donc : Oui il y a très probablement du Chrome dans le procédé de conversion chimique.  Reste à savoir si c’est du chrome trivalent ou du chrome hexavalent.

 

Qu’est ce que l’OAS et le colmatage ?

Un article sur la galvanoplastie va nous aider :


Passons sur l’acide sulfurique (H2SO4)!
Il semble que ce soit le colmatage qui puisse faire appel à du chrome VI !

Selon l’article de Modertech , il y a des conversions chimiques au CR(vi) et d’autres au Chrome trivalent. On comprend que le nouveau traitement est donc une “conversion chimique avec OAS et colmatage au chrome”?  Reste à savoir
quel Chrome est utilisé par RABAS dans sa “conversion chimique, OAS, colmatage” ?

L’absence du mot REACH interpelle.

RABAS n’était il pas obligé, de part l’article 1.4.1, de porter à connaissance les impacts de REACH sur son activité puisque cela est de nature à entraîner des changements notables des éléments du dossier. Idem pour l’article VI.2.3.

La DREAL a-t-elle contrôlé l’application des règles imposées par la dérogation REACH ?
comme annoncé en octobre 2020 !
ainsi que les mesures dans l’environnement, qui sont prévues par REACH !!?


Le rapport d’inspection sera-t-il publié ? comme c’est la norme depuis le 1/1/2022

Y a t il une dérogation relative à la cheminée  ? si oui, vu l’ajout d’émission de Chrome, ne serait-il pas judicieux de rehausser la cheminée, pour augmenter la dispersion  !?

 

 

LANCET : Exposition à la pollution de l’air extérieur et performances cognitives

Outdoor air pollution exposure and cognitive performance: findings from the enrolment phase of the CONSTANCES cohort

Exposition à la pollution de l’air extérieur et performances cognitives : résultats de la phase de recrutement de la cohorte CONSTANCES

https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(22)00001-8/fulltext?dgcid=raven_jbs_etoc_email

https://www.thelancet.com/cms/10.1016/S2542-5196(22)00001-8/attachment/b9ff9841-0bca-480e-baaa-80e21aeffc2f/mmc1.pdf

Contexte
L’exposition à la pollution atmosphérique est potentiellement l’un des facteurs de risque
modifiables du déclin cognitif. Notre objectif est d’étudier l’association entre l’exposition à
plusieurs polluants de l’air extérieur et les performances cognitives dans différents
domaines.
Méthodes
Dans cette étude transversale, nous avons utilisé les données de la phase de recrutement de
la cohorte française CONSTANCES. Parmi les 220 000 personnes (âgées de 18 à 69 ans)
recrutées aléatoirement à partir des listes de l’Assurance Maladie, les participants âgés de
45 ans ou plus (104 733 personnes) ont réalisé un bilan cognitif complet qui incluait des tests
pour évaluer différents domaines : la mémoire, la fluence verbale et les fonctions exécutives.
61 462 participants avec des données disponibles ont été inclus dans les analyses. Nous
avons estimé avec des modèles LUR (land use regression) à partir de l’adresse de résidence
les concentrations moyennes annuelles, aux particules ayant un diamètre aérodynamique
inférieur ou égal à 2,5 μm (PM2.5), au dioxyde d’azote (NO2) et au carbone suie. Nous avons
utilisé des modèles de régression multiples, ajustés sur plusieurs covariables, pour tester les
associations entre chaque polluant et chaque score cognitif. Nous avons effectué plusieurs
analyses de sensibilité : des modélisations multiniveau, une métaanalyse par centre de
recrutement, l’exclusion de groupes de population spécifiques, etc.
Résultats
Une augmentation de l’exposition au carbone suie et au NO2 est associée significativement à
de moins bonnes performances cognitives, pour la fluence verbale et les fonctions
exécutives. Pour une augmentation d’un écart interquartile d’exposition, nous observons de
1 à près de 5% de baisse des performances cognitives. L’effet le plus important (diminution
en pourcentage) pour le NO2 et les particules PM2,5 est décrit pour le test de fluence
verbale sémantique [PM2,5 : 4,6 % (IC à 95 % : 2,1, 6,9) ; NO 2 : 3,8 % (IC à 95 % : 1,9, 5,7)],
alors que pour le carbone suie, l’effet le plus important est observé pour les codes de
Weschler, bon indicateur du fonctionnement exécutif, [4,5 % (IC à 95 % : 2,7, 6,3)]. Toutes
les associations significatives expositioncognition sont linéaires et monotones dès un faible
niveau d’exposition.
Interprétation
Des performances cognitives significativement plus faibles étaient associées à l’exposition à la pollution de l’air extérieur même à de faibles niveaux d’exposition. Cela souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour réduire l’exposition à la pollution atmosphérique.
Financement
La Caisse Nationale d’Assurance Maladie, et en partie financé par Merck Sharp & Dohme et
L’Oréal, l’Agence Nationale de la Recherche et Fondation de France

 

Mesures de benzène dans les écoles de DONGES

Après quatre courriers adressés à la Mairie restés sans réponse,
grâce à la ténacité des élus de “Mieux vivre à Donges”, une personne de bonne volonté des services a retrouvé des mesures de 2019.

Les vents lors de mesures
vents 2019

Les deux semaines de mesures ont connu des vents du quart Nord-Est.
La rose de vents centrale pluriannuelle montre que ces vents sont présents seulement 30% de l’année.

Comme les principales sources émettrices de Benzène sont situées au Sud et à l’Ouest des écoles, on devrait s’attendre à des résultats “favorables” pour la santé.

En regardant dans les archives, on découvre une grosse bévue de planification de la première semaine de mesures, qui annihile sa représentativité :
« La moitié de la raffinerie sera à l’arrêt du 13 mai au 15 juin 2019 pour une grande opération de maintenance.  L’occasion aussi pour Total de remplacer certains équipements».

Les résultats des mesures

Analyses :

Semaine d’été  du 13 mai 2019, vents de Nord-Nord-Est :

  • Les concentrations mesurées sont plutôt faibles pour l’agglomération : 0,4µg/m3,
    conséquence des vents Nord-Nord-Est et de l’absence de sources d’émissions dans cette direction.

Semaine d’hiver, les vents de Nord-Est-Est :

  • La concentration moyenne des mesures  de la Pommeraye : 1,11 µg/m est supérieure aux valeurs des écoles de Montoir de Bretagne qui sont en général de 0,9 à 1 µg/m3
  • La concentration moyenne  de 1,40 µg/m3  pour le centre Donges est très supérieure à ce que l’on constate à Montoir de Bretagne ou Trignac ! 
    • Le trafic de la N171, la densité de population, la proximité de la raffinerie pourraient contribuer à la différence avec La Pommeraye, mais des sources intérieures sont à rechercher également car les mesures à l’extérieur sont moindres.

En résumé :

Peu représentatif car les écoles n’ont pas été sous les vents des sources industrielles émettrices : stockages Ouest et unités de fabrication.

    • Les bons chiffres d’été (mai 2019) sont à relativiser à cause des vents de Nord-Nord-Est  et peut-être à cause de l’arrêt de la moitié de la raffinerie.
    • les chiffres d’hiver plutôt élevés, malgré les vents de Nord-Est-Est ne sont pas rassurants.

Le bon sens :

  • Vu les 947000kg de Composés Organiques Volatils (COV) émis par TOTAL en 2019,
  • Vu la proximité des stockages à l’Ouest, des installations de production au Sud,
  • Vu les vents dominants d’Ouest et Sud-Ouest,
    la seule façon d’avoir une information fiable et comparable aux seuils annuels est de procéder à des mesures en continu  tout au long de l’année des polluants dangereux émis.

 

P.S. : un manque de rigueur certain dans la compréhension des enjeux quand on lit dans le document qu’il n’y a pas d’industrie dans un rayon d’1 km et pas de stockage d’hydrocarbures !