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HEXANE dans la CARENE – double dose

Depuis quelques temps, France Info , Marianne et d’autres évoquent  l’ubiquité de l’hexane dans notre alimentation et les dangers associés, notamment les effets neurologiques et sur la reproduction.
C’est lié aux travaux de Guillaume COUDRAY et à la publication du livre « De l’essence dans nos assiettes . Un article d’Anne-Laure BARRAL a déjà été publié sur le sujet en mai 2025.

En quelques mots : Guillaume explique que les producteurs d’huile de Tournesol, Soja extraient l’huile des graines oléagineuses en utilisant un hydrocarbure, un solvant de formule chimique C6H14 que d’aucuns comparent au « White Spirit ». Le processus de production comporte ensuite une phase de « désolvantation » pour récupérer de l’hexane.
Ce qui n’est pas explicité sur les emballages, c’est qu’il y a des résidus d’hexane dans les huiles, et donc dans les aliments qui les utilisent. Des résidus plus importants sont présents dans les « tourteaux », qui sont ce qui reste des graines après dissolution de l’huile. Or ces tourteaux, sont vendus aux agriculteurs pour nourrir leurs animaux. De facto, la consommation de viande va accroître la quantité d’hexane qui pénètre dans le corps humain.

Les caractéristiques de solvant de l’hexane, ses interactions avec les graisses ont des impacts sanitaires qui n’ont pas tous été approfondis mais les impacts « neurologiques » de l’hexane sont reconnus.

Revenons à la CARENE qui a sur son territoire deux usines CARGILL  qui triturent  soja et tournesol, l’une à Saint-Nazaire quasiment en cœur de ville, et l’autre à Montoir-de-Bretagne.

Les nazairiens sont-ils plus impactés que les autres français ?
Malheureusement oui.
En plus de l’hexane dans la nourriture, nous respirons l’hexane présent dans l’air.

CARGILL répète à tout va qu’il a mis en place un « recyclage » efficace de  l’hexane, sans doute mais la perfection n’existe pas et il y a des « fuites ».
Dans les dossiers d’autorisation d’exploiter, on ne trouve pas de mesures d’hexane  financées par CARGILL réalisées dans les quartiers avoisinants pour connaître les concentrations respirées.
Curieux ?  Non, c’est classique quand il y a des risques.
CARGILL préfère communiquer sur les actions menées sur les odeurs émises, sans se vanter du fait qu’il les masquent avec des produits de  parfumerie. (cf les études olfactives confiées à Air Pays de la Loire ). Classique pour détourner l’attention.

En 2021 et 2022 les associations environnementales ont demandé à Air Pays de la Loire de réaliser une étude des composés organiques volatils dans les communes de Basse-Loire incluant notamment le benzène qui avait été identifié dans l’air des écoles et l’hexane.
Air Pays de la Loire avait accepté de la réaliser une « petite » campagne de mesures sur ses fonds propres.

Petite : car elle a duré seulement 8 semaines ce qui ne permet généralement pas d’avoir une bonne « couverture » des vents annuels

Pour compenser cette courte durée, j’avais obtenu d’Air Pays de la Loire qu’il fasse en plus une mesure très ciblée proche de la zone industrielle portuaire, proche des chantiers de l’Atlantique et de Cargill, plus précisément au square Delzieux et que la capture d’air pendant 30 mn soit réalisée  quand les vents venait du Nord-Est ou de l’Est. Ce fut fait.

Le rapport est sans ambiguïté sur l’origine de l’hexane détecté, les vents venaient bien du côté de CARGILL lors des mesures du 30 novembre. 

page 22  on a le résultat d’une mesure d’hexane pendant 30 minutes venant  de CARGILL  :
environ 2,6 µg/m3

Le lecteur va peut-être s’interroger sur quel est l’impact sanitaire.
Est-ce la complaisance des services de l’Etat  ( DREAL, ARS ?) … ? toujours est-il que la dernière étude de risque sanitaire date de 2005 !!
Quand on ne veut pas savoir, il suffit souvent de commencer à ne pas chercher ..

 

Rapport Annuel Air Pays de la Loire 2024

Air Pays de la Loire vient de publier son rapport annuel qui synthétise la situation dans la région et donne des « zoom »  par polluant  et par grande agglomération.

Les pages 44-46   concernent Saint-Nazaire et la Basse-Loire.

Ouest-France a titré « Qualité de l’air en Pays de la Loire : Saint-Nazaire « leader » des indices dégradés en 2024 »  dans un article du 30 juin 2025 qui se poursuivait avec : « Air Pays de la Loire a dévoilé son rapport annuel 2024. Aucune journée n’a connu d’indice très mauvais dans la région. La zone ayant connu le plus de relevés défavorables est Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)« .

Effectivement 13% des indices de 2024 ont été dégradés (12%) ou mauvais (1%) à Saint-Nazaire.
Cholet ou Angers : c’est 8%. 

Une autre réalité , triste spécificité liée aux industries nazairiennes, les énormes pourcentages de polluants des secteurs « industrie, énergie, transports non routiers » –rouge, jaune et bleu clair–  quand on compare avec Nantes par exemple.

                           

Les émissions de « Particules, NO2,GES, Benzène » de Saint-Nazaire  sont majoritairement INDUSTRIELLES. Cette spécificité doit être rapprochée de la surmortalité prématurée (43% pour les hommes) constatée dans la CARENE  …  

Où habiter en fonction des émissions de polluants dangereux ?

Quelles sont les communes de l’agglo nazairienne où les densités d’émissions par km2 de polluants dangereux  
sont les plus importantes ?

Réponse grâce à BASEMIS – Air Pays de la Loire


Pour les solvants (précisément pour les composés organiques volatils non méthaniques),
la densité d’émission par km2 à Saint-Nazaire atteint presque 3 fois la moyenne des densités des communes de la CARENE.
Elle est  54 fois celle de Saint-Joachim.

Pour le chrome :

CARENE émissions au km2

Avec pour finir, comparaison entre les densités d’émissions de polluants par km2  de la CARENE avec CAP-Atlantique….. 
Chacun pourra juger du meilleur endroit pour éviter les risques sur la santé liés aux émissions de ces polluants dangereux.

émissions de polluants dans la CARENE comparées à la Région

AIR Pays de la Loire vient de publier la huitième version de BASEMIS, la base de données contenant les émissions de polluants atmosphériques de la région.
Merci à leurs ingénieurs !

Comme lors de la publication il y a 2 ans de la V7, nous avons construit un premier graphique avec les moyennes des émissions dans la CARENE disponibles depuis 2008 pour chacun des polluants et en divisant par la moyenne des émissions dans toute la région.

On voit ainsi que – sur ces 16 années –  41,5% des émissions de NICKEL  de la région ont été émises sur le territoire de la CARENE  qui ne représente que 1% de la Région.
Preuve s’il en était besoin que les activités industrielles de la région sont très très concentrées dans l’agglomération de Saint-Nazaire.

Ci-dessous un tableau avec les évolutions depuis 2008 pour  les 9 polluants dont les densités d’émissions par km2 dans la CARENE sont au moins 3 fois plus importantes que la densité d’émissions globale de la région.



Vu que les effets sur la Santé sont de plus en plus confirmés par les études scientifiques et notamment la récente étude de Santé publique France  sur les conséquences des pollutions des particules fines PM2.5 et du dioxyde d’Azote,

Vu la présence dans le bassin Nazairien d’activités et d’expositions professionnelles fréquemment citées dans le Rapport de l’ANSES et du RNV3P déjà analysé dans un article précédent,

Pour quelques uns de ces polluants, nous avons juxtaposé le graphe des densités d’émissions et les principales expositions pour lesquelles l’ANSES a identifié des liens ..

 
L’ARSENIC et son probable lien avec les cancers broncho-pulmonaire et du rein,
comme les fumées de soudage

Le NICKEL et son impact sur les cancers des fosses nasales et des sinus
(forme de cancer des voies aériennes et digestives supérieures VADS souvent attribuées à l’alcool et le tabac …
Malheureusement BASEMIS ne fournit pas de données sur les émissions de chrome qui ont le même type d’impact)

Les solvants, émettant des COV, pouvant contribuer à l’apparition de cancer colorectal.
D’où l’importance de favoriser les dépistages dans la région.

Doit-on rappeler quels sont les types de cancers qui sont en sur-incidence dans l’agglomération ?   VADS , Poumon, Colon-rectum …en sus de la plèvre(Amiante). 

Source ORS 2023.
 

Que ceux qui n’ont pas encore pris conscience de la gravité des conséquences de ces émissions, et de l’impérieuse nécessité de mesurer les concentrations respirées et de réduire les émissions s’interrogent sur leur responsabilité… et surtout agissent !
Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

Saint-Nazaire – « Nous sommes des crasseux » . Vœux pour que ça change en 2025.

Saint-Nazaire veut devenir une ville-jardin
mais pour l’instant elle n’a pas l’air propre !

Crédits : Saintnazairenews du 09/01/2025

Dans ce blog, j’ai malheureusement démontré plusieurs fois que l’air respiré est loin d’être propre.
Le maire de Saint-Nazaire a récemment souligné que la propreté était la préoccupation n°3 des Nazairiens   et que « nous sommes des crasseux » . Les nazairiens ont raison, et derrière le mot « propreté »  il y a certainement le souci de la « santé » , de la surmortalité prématurée connue mais dont on n’ose guère parler.
L’absence de « propreté » est large et va au delà des papiers dans la rue :

Dans l’air au regard des polluants cancérogènes (solvants, fumées de soudage, silice, métaux lourds, etc..  ) émis en grandes quantités par nos industries navales, aéronautiques et portuaires.

Dans les eaux des puits privés, notamment à Méan Penhoët où la moitié des puits analysés dépassent les seuils recommandés pour l’eau potable pour au moins un des métaux recherchés (Aluminium, Arsenic, Fer, Manganèse, Nickel, Plomb ) (cf. carte).

Dans les sols, dans lesquels on trouve quasiment systématiquement des métaux ou des hydrocarbures à chaque fois que des analyses sont faites lors de travaux publics (cf. Carte) au point que l’on pourrait s’interroger sur les dangers liés à la consommation des fruits et légumes de son jardin si l’information sur ces pollutions était publiée.
Les rapports concluent souvent que la situation est probablement due à l’usage de remblais de qualité médiocre.  Qui génèrent et qui apportent de tels remblais ? Qui ne les contrôlent pas ?

Mes vœux pour 2025 : que ça change.
Qu’il y ait une réelle prise de conscience des acteurs majeurs de l’agglomération et qu’ils passent à l’action pour mesurer et réduire toutes les sources de pollutions émises dans l’Environnement et que nos corps subissent.
Qui sont ses acteurs ?  nos politiques ? nos élus ? les services de l’État ? Oui qu’ils osent parler, dire la vérité, voire sortir le carnet à souches comme l’évoque le Maire de Saint-Nazaire.

Mais je pense surtout aux dirigeants des entreprises dont les réalisations (navires, avions, moteurs, huiles,  etc ..) font encore la fierté des habitants.

Ces entreprises  doivent concrétiser leur discours de responsabilité sociale et environnementale et se doivent d’être exemplaires et doivent financer de vrais plans de surveillance environnementale.
On ne doit plus voir de déchets « pas que beaux » qui s’envolent, s’infiltrent et tuent lentement.
Les stations de mesure des polluants d’Air Pays de la Loire ne doivent plus être à plus de 5km des grands émetteurs de la zone industrialo-portuaire. Elles doivent être plus nombreuses, plus proches et mesurer très régulièrement (> 33% de l’année) les polluants les plus dangereux dont les fumées de soudage et les métaux  et en continu les poussières fines et les composés organiques volatils issus des peintures et solvants que l’on retrouve parfois sur sa voiture.

Saint-Nazaire ne pourra être une « ville-jardin »
que si les industries sont « propres ».

C’est la « solution » pour 2025 !

plus que le carnet à souche.

Etude de zone CARENE

Quinze ans après, google « ressort » cette étude de zone de la CARENE réalisée par Air Pays de la Loire en 2008.

Une vision curieusement très peu industrielle ! Est-ce la caractéristique des études locales de ne pas « sentir »  l’impact environnemental  des industries qui font la fierté de la ville, alors que les habitants en ressentent l’impact sur la durée de vie et leur santé ?

Air-Pdl-CARENE-2008

Les objectifs surprennent, avec notamment un périmètre n’intégrant pas la zone « industrielle  » de Saint-Nazaire (traduction ne pas regarder Méan-Penhoët ? ), ni Donges ni Montoir-de-Bretagne !

Il est intéressant de voir que l’objectif de qualité pour le Benzène était ponctuellement dépassé sur certains accès .. et proche de 1 µg/m3 près des Chantiers, Cargill, etc..et même au Parc Paysager !
avec des émissions recensées en faible nombre au vu de la liste des sociétés remerciées.

Il sera intéressant de regarder si « l’inventaire des données d’émissions actuellement disponibles  » pour les activités industrielles de 2022  sera moins stérile que celui de 2008 cité dans la conclusion.

On appréciera la formulation utilisée pour dire que les données d’émissions fournies par les industriels étaient insuffisantes et non représentatives de la réalité.  Et pour autant elles ont été utilisées dans la 2eme phase, la modélisation. Étonnant, non ?

Intéressant aussi, cette proposition de réaliser une campagne de mesure dans les quartiers avoisinants. …   qui a été oubliée  pendant des années.

Ah.. l’histoire …